Prévues au plus tard en mars 2021 pour les élections locales et en février 2022 pour les législatives, la tenue à un an d’intervalle de deux joutes électorales, démontre les insuffisances du système politique sénégalais. Comme durant chaque période électorale, les deux prochaines années présagent des tensions socio-politiques dont les principales victimes seront encore les populations. Dans un contexte de pandémie ou post-pandémique difficile, les priorités sont ailleurs. Ainsi, la commission politique du Dialogue nationale, devra se pencher dès la reprise sur la nécessité de reporter les élections locales et de les coupler au législatives en 2022. Cela pour trois raisons évidentes :
- Les travaux de la commission politique ont montré l’ampleur du chantier politique et la difficulté pour les protagonistes de trouver un consensus. La pandémie du COVID19 ayant mis à l’arrêt leurs travaux, le délai du 28 mars 2021 est techniquement impossible à respecter compte tenu de toutes les réformes envisagées. A cela s’ajoute l’audit du fichier, la refonte des listes électorales, la phase contentieuse, la distribution des cartes, le parrainage et l’organisation matérielle des élections. Ainsi le report s’impose à tous.
- Le couplage des élections locales et législatives répond tout d’abord à un souci d’une meilleure harmonisation du calendrier républicain qui se résumerait principalement à deux cycles, celui présidentiel et celui des législatives et locales.
Enfin elle constituerait une économie sur le plan financier aussi bien pour l’opposition que pour la majorité car une élection coûte cher.
- Les conséquences économiques et financières de la pandémie ont plombé le taux de croissance (les prévisions passent de 7% à moins de 3%), vidé les caisses de l’Etat (1000 milliards injectés pour la résilience de l’économie), réduit les recettes publiques.
Ainsi, afin de permettre une relance sereine et dynamique de l’économie, il faudrait envisager d’organiser le couplage durant le dernier trimestre 2022.
En définitive, dans ce nouveau contexte mondial, le Sénégal ne peut se permettre de perdre du temps sur d’éternelles questions électorales. La classe politique clame que le Sénégal est une démocratie majeure mais elle doit faire preuve de plus de maturité, de responsabilité et de patriotisme. Elle a l’obligation de s’entendre définitivement sur les questions politiques pour que chacun puisse ensuite se consacrer à convaincre les sénégalais sur son projet de société.
Fossar Banding SOUANE
Spécialiste en développement et coopération Responsable APR