Et c’était suffisant pour qu’il appelle les autorités sénégalaises à réagir de toute urgence pour porter secours à ces compatriotes. Sur cette même radio, Moustapha Dieng avait laissé entendre que les pêcheurs sénégalais arrêtés en Mauritanie subissent un véritable calvaire. Leur détention se ferait dans des conditions précaires, indignes du respect des droits humains. Préoccupé par la situation, il a demandé une intervention rapide des autorités sénégalaises afin de mettre fin à ces traitements jugés dégradants. Le syndicaliste n’a pas manqué d’exprimer son indignation face à ces arrestations répétées et les conditions de rétention souvent dénoncées. “Nous ne pouvons pas rester silencieux face à la souffrance de nos frères. Ces pêcheurs, qui ne cherchent qu’à subvenir aux besoins de leurs familles, ne méritent pas un tel traitement”, avait-il alerté sur la RFM.
Prenant la balle au rebond, Alioune Tine d’Afrika Jom Center a également exprimé son inquiétude quant aux conditions de détention des migrants, dont des Sénégalais, en Mauritanie. Sur la plateforme X, il rappelle à l’État mauritanien son obligation de respecter les droits fondamentaux des migrants, en conformité avec les engagements internationaux et continentaux. “Nous sommes gravement préoccupés par les violations répétées des droits des migrants d’Afrique de l’Ouest. Nous exhortons les autorités mauritaniennes à honorer leurs obligations en matière de droits humains”, a-t-il déclaré. L’inquiétude reste forte néanmoins chez des acteurs locaux et des ONG, qui dénoncent une vaste campagne, selon elles, d'arrestations et de refoulements de personnes migrantes en situation irrégulière dans ce pays. Des refoulements tous azimuts de Subsahariens, sans prendre le temps de vérifier si les personnes concernées possèdent ou non un titre de séjour, selon l’Association mauritanienne des droits de l’homme (AMDH).
Selon sa présidente, Fatimata Mbaye, 700 personnes sur les 1 200 refoulées depuis le début du mois étaient pourtant en possession du document. Au Sénégal, les autorités locales confirment qu’au poste frontière de Rosso, depuis 10 jours, 30 à 40 Subsahariens sont refoulés quotidiennement et que 80 % sont de nationalité sénégalaise. Parmi eux, beaucoup se plaignent de ne pas avoir été bien traités, et notamment de ne pas avoir reçu à boire ou à manger, selon plusieurs sources sur place.
L’AMDH signale également des cas de rafle à domicile et des mauvais traitements-comme l’obligation de payer pour pouvoir aller aux toilettes-ainsi que des biens confisqués par la police qui ne sont jamais rendus. De leur côté, les autorités mauritaniennes assurent respecter les droits des migrants et avoir démantelé quatre réseaux de passeurs illégaux ces dernières semaines, comme l'a indiqué le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, interrogé par RFI.
Les autorités sénégalaises n’ont pas alors tardé à exprimer leur inquiétude et leur indignation au regard des conditions dans lesquelles ses ressortissants migrants ont été expulsés de la Mauritanie voisine ces derniers jours. Interpellée sur le sujet par plusieurs députés, la ministre sénégalaise des Affaires étrangères a dit “regretter les conditions d’arrestations et d’expulsions des Sénégalais depuis la Mauritanie ces derniers jours ». « Bien sûr, chaque pays a ses lois”, a déclaré Yassine Fall à la presse, mais on doit respecter les droits des personnes et “ne pas maltraiter comme on l’a vu récemment”, a-t-elle dit. La ministre avait évoqué devant une commission parlementaire des “traitements inhumains subis par les personnes arrêtés et rapatriées” depuis la Mauritanie.
“Des discussions avec les autorités mauritaniennes sont en cours”, à ce sujet, a également affirmé la cheffe de la diplomatie sénégalaise. Se voulant rassurante, Yassine Fall a assuré que, d’ici la fin du mois de mars, les choses allaient s’améliorer avec la promesse de la Mauritanie de transmettre au Sénégal les modalités d’obtention du titre de séjour et de la carte de résidence pour les Sénégalais. La ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères du Sénégal, Yassine Fall, a fini par effectuer une visite officielle en Mauritanie lundi dernier. Une visite visant à renforcer les relations bilatérales entre les deux pays.
Durant son séjour, elle a rencontré le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, pour discuter de la situation des Sénégalais résidant en Mauritanie. À l’issue de ses entretiens, Mme Fall a annoncé que les Sénégalais vivant en Mauritanie seront désormais distingués des migrants en transit, afin de clarifier leur statut et protéger leurs droits. Dans le cadre de cette mission, Yassine Fall a porté un message du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye à son homologue mauritanien. Elle a précisé que la réponse de la Mauritanie serait d’abord soumise à Diomaye Faye avant d’être rendue publique. La ministre a également rencontré la communauté sénégalaise établie à Nouakchott, pour prendre connaissance de leurs réalités quotidiennes et leur exprimer le soutien du gouvernement sénégalais.
Concernant les conditions de séjour des Sénégalais en Mauritanie, note la presse, Yassine Fall a confirmé que le gouvernement mauritanien avait présenté une proposition sur les nouvelles modalités d’obtention de la carte de séjour, proposition qui est actuellement en cours d’examen par les autorités sénégalaises. Face aux récentes expulsions massives de migrants en situation irrégulière, Yassine Fall a souligné que les Sénégalais résidant légalement en Mauritanie seront séparés des migrants en transit, afin de limiter les confusions et garantir une gestion plus juste des cas.
Enfin, Mme Sy a eu l’occasion de rencontrer son homologue mauritanien, Mohamed Salem Ould Merzoug, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, pour échanger sur divers sujets de coopération. Une chose est sûre : Yassine Fall rentre de Mauritanie ragaillardie. Elle fait tomber des préjugés sur l’“inertie” que des encagoulés lui avaient prêtée. La ministre des Affaires étrangères décroche une première victoire décisive dans l'affirmation de son autorité au ministère des Affaires étrangères.
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