Voilà, le Président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez se lance, au milieu de la quatrième vague du Covid, avec le désordre de la vaccination et les élections de Madrid, dans ce qu'il vend comme une grande tournée africaine, en réalité une mini-tournée de plus de trois jours en seulement deux pays des 55 de l'Union africaine, l'Angola et le Sénégal… Mais le voyage est assombri par le rapatriement des migrants sénégalais en Espagne et la collusion avec les dérives du régime antidémocratique que pilote le Président sénégalais Macky Sall notamment l’emprisonnement d'opposants...
Dans l'ensemble, le point le plus épineux du voyage présidentiel en Afrique est que se rendre à Dakar a été conçu comme une approbation des dérives du président Macky Sall juste un mois après son attaque contre le système démocratique du pays, contre les libertés et les droits des Sénégalais. Bien que Sall ait été élu en 2012 comme l'espoir du peuple pour conquérir sa souveraineté face aux ingérences extérieures (notamment françaises). La corruption dans le pétrole et le gaz est dénoncée au Sénégal dans « Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d'une spoliation » de l'ancien fonctionnaire des Impôts et domaines Ousmane Sonko, tout comme l'emprisonnement ou tentative d’emprisonnement des opposants tels que Karim Wade (2013), Khalifa Sall (2017) et maintenant la grande alternative politique Ousmane Sonko (2021). A cela s’ajoutent l’élection controversée de 2019, la répression de manifestations pacifiques en mars avec plusieurs arrestations et au moins douze morts. Par conséquent au vu de tout cela, le président Sánchez devrait éviter la collusion avec Macky Sall.
Au cours de la conférence de presse, la journaliste sénégalaise Anna Rocha de la radio RFM a demandé au président espagnol si l'Union européenne enquêtait sur les plaintes de Boubacar Sèye de « Horizons sans frontière ». Il a été emprisonné pour avoir pointé le détournement de fonds européens destinés à stopper la migration par le gouvernement de Macky Sall. Il n'a été libéré que grâce à la pression d'entités telles qu'Amnesty International. Alors, le président sénégalais s'est empressé de dire : «Cela n'existe pas. Il faut arrêter de dire du mal du pays et de son gouvernement à un président étranger ». Et ensuite Sánchez s'est limité à dire : « Je n'ai aucune information. » …
Sanchez aurait dû démontrer, au Sénégal, un alignement sans faille avec la démocratie et les droits de l'homme.
Avec Maria Iglesias