La responsabilité d’Abdoulaye Wade au premier degré
Ainsi, le 16 février 1994, la Coordination des forces démocratiques (CFD), qui regroupe les ténors de l’opposition de l’époque à savoir M. Wade, Landing Savané, Moustapha Sy, guide des Moustarchidines Wal Mourtachidates, organise un meeting sur le boulevard du Général De Gaulle. Sur le boulevard du Général De Gaulle, avant que Mr Wade ne finisse sa communication, un jeune s’empare du micro pour inviter ses camarades à marcher dans les rues de la capitale. Et Wade de satisfaire cette demande pressante sur une tonalité interrogative-injonctive : «Vous voulez marcher, eh bien marchez» lança-t-il. Comme des loups affamés, les manifestants se déchainent. Le meeting dégénère en scènes de violence inouïes dans les rues de la capitale. C’est l’horreur !
Les policiers victimes de leur vieille voiture en panne
Sur l’avenue Centenaire, un car de police est renversé puis incinéré. Les six policiers qui s’y trouvent périssent sous les flammes de cette géhenne. Il faut souligner que le chauffeur de la voiture de police a tenté de se sauver de la furie meurtrière des manifestants la police. Mais malheureusement la vieille guimbarde connut des problèmes de démarrage. Ce qui leur a été fatal. Même certains marcheurs sont arrivés jusqu’aux grilles du palais présidentiel avant d’être repoussés. Impuissant, l’Etat dioufien n’a fait que constater les dégâts matériels et compter ses morts. Abdoulaye Wade, Landing Savané, Cheikh Tidiane Sy (ancien ministre), Pape Oumar Kane, Pape Malick Sy sont arrêtés avant d’être libéré plus tard.
Djibo Kâ, alors ministre de l’Intérieur, annonce l’interdiction, sur tout le territoire national, les activités du mouvement des Moustarchidines, décret numéro 001123, du 17 février 1994.
La dualité politique entre Tanor Dieng et Djibo Ka mise en cause
L’attitude passive des services de l’Etat n’a pas manqué de susciter des interrogations. Il était clair que les services renseignements avaient été bien au courant de la préparation de cet événement. Et l’on accusait Ousmane Tanor Dieng, alors ministre des Affaires et Services présidentiels et patron des services secrets, d’avoir fait une rétention d’informations pour mettre en mauvaise posture son adversaire politique Djibo Ka, ministre de l’Intérieur. La lutte rageuse de positionnement au sein du Parti socialiste (PS) avait fini de déteindre sur le fonctionnement de l’Etat et, par la faute de deux politiciens en conflit pour diriger le PS, six agents en charge de la sécurité des citoyens ont trouvé la mort dans des conditions effroyables. Même si les services présidentiels avaient décliné toute responsabilité des manifestations violentes sanglantes du 16 février 1994, les événements politiques subséquents ont corroboré la conflictualité réelle entre ces deux apparatchiks du PS.