Cependant, au Sénégal, la presse, toujours centrale dans la vie démocratique, traverse des difficultés croissantes. Depuis plusieurs mois, des entreprises de presse se trouvent en grande difficulté, avec des risques de faillite si la situation perdure. Dernièrement, le groupe « Africaine Communication Edition » (AFRICOME) a annoncé la suspension de ses quotidiens « Sunu Lamb » et « Stades », illustrant les difficultés financières du secteur.
« Depuis deux ans, AFRICOME subit des déficits importants, des dettes considérables envers ses fournisseurs (notamment étrangers pour les intrants), des retards de paiement des salaires, et l'arrêt des paiements des cotisations sociales et des frais de couverture maladie », a déclaré Mamadou Ibra Kane, Directeur de publication des deux quotidiens. Il a également averti que cette crise n'est pas isolée à AFRICOME et que d'autres entreprises médiatiques sénégalaises sont en danger. Depuis l'arrivée du nouveau régime, de nombreuses entreprises de presse font face à une intensification de la crise, exacerbée par des pressions fiscales croissantes.
Les nouvelles autorités cherchent à recouvrer 13 milliards de dettes fiscales et 25 milliards pour les redevances dues à l'Agence de régulation des télécommunications et de la poste (ARTP) auprès des médias. Cela a entraîné des mises en demeure et des blocages de comptes bancaires de certains groupes de presse. Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (CDEPS) a tenté de trouver des solutions face à cette situation. En plus de la pression fiscale, les conventions entre les médias et les structures publiques ont été suspendues, aggravant ainsi la situation déjà critique des médias, dont une grande partie des revenus provient de la publicité et des accords de partenariat.
Par ailleurs, la Société de télédiffusion du Sénégal (TDS.SA) est en conflit avec Excaf Télécom, qui avait investi dans la Télévision numérique terrestre (TNT). TDS.SA a annoncé son retrait de l'exploitation technique des multiplex gérés par Excaf Télécom depuis 2014. Excaf Télécom conteste cette décision et menace de défendre ses droits par tous les moyens légaux. En parallèle, TDS.SA a menacé de couper le signal de Walf TV et d'autres chaînes en cas de non-paiement d'une somme de 10.820.000 francs CFA, représentant les frais de diffusion sur la TNT.
La presse est ainsi en train de subir une véritable asphyxie financière, avec des conséquences directes telles que des licenciements et une aggravation du chômage, en particulier parmi les jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail.