Il doit devenir mardi, à 37 ans, le plus jeune Premier ministre de l'histoire de l'Irlande: Simon Harris a connu une ascension politique fulgurante et compte sur sa maîtrise des réseaux sociaux pour redonner de "l'énergie" à son parti avant une série d'élections.
Le Parlement irlandais doit confirmer mardi Simon Harris au poste de Premier ministre, après son élection en mars à la tête du parti de centre droit Fine Gael.
Il était le seul candidat pour succéder à la tête de ce parti au Premier ministre Leo Varadkar, qui a démissionné le 20 mars à la surprise générale, estimant ne plus être "la meilleure personne" pour assumer ces fonctions.
Simon Harris, qui occupait jusqu'ici le poste de ministre de l'Enseignement supérieur, a promis de fournir "un travail acharné, avec du sang, de la sueur et des larmes, jour après jour, avec responsabilité et humilité".
Il est déjà surnommé dans les médias "TikTok Taoiseach" (un mot gaélique qui signifie "chef" ou leader" et se prononce "Tee-shock") du fait de son usage intensif des réseaux sociaux.
"Je veux aussi apporter mon expérience concrète de la vie", a dit ce natif de la ville côtière de Greystones, près de Dublin.
Etudes de français
Fils d'un chauffeur de taxi et d'une assistante scolaire, Simon Harris a renoncé à finir ses études de journalisme et de français à l'université pour se consacrer très jeune à la politique.
Il a commencé par militer pour améliorer le sort des personnes autistes, sensibilisé par son frère atteint du syndrome d'Asperger, et a rejoint le parti Fine Gael lorsqu'il n'avait que 16 ans.
Il a gravi ensuite rapidement les échelons, devenant élu local à 22 ans, député à 24 ans - ce qui lui a valu le surnom de "bébé du Dail", le Parlement irlandais - puis est entré au gouvernement comme secrétaire d'Etat aux Finances en 2014, à seulement 27 ans.
"Je sais que de bien des façons, ma carrière a été un peu étrange (...) La vie s'est imposée à moi beaucoup plus vite que je ne l'aurais imaginé", a-t-il reconnu lors d'un entretien au magazine Hot Press en 2022.
Nommé en 2016 ministre de la Santé, un poste qu'il a occupé quatre ans et notamment au début de la pandémie de Covid-19, il a été loué pour son talent de communicant mais critiqué pour le nombre de décès dans les maisons de retraite.
Millions d'abonnés
Père de deux enfants et marié à une infirmière en cardiologie, sa présence quotidienne sur les réseaux sociaux et en particulier sur TikTok, où il récolte plus d'un million de "likes" sur ses publications, a fait de lui l'une des personnalités politiques les plus visibles d'Irlande.
Certains lui reprochent toutefois d'en faire trop pour séduire les jeunes électeurs.
Lors d'un débat agité en commission parlementaire, il avait suscité l'incrédulité en utilisant l'expression "Chillax" (contraction de "chill out", se détendre, et "relax") auprès de ses pairs.
Raillé le lendemain, il avait répondu que "tous les jeunes savent ce que +chillax+ veut dire".
Du fait de son âge et de ses talents de communicant, ses opposants l'ont déjà surnommé "Leo 2.0", une manière de pointer qu'il ne sera qu'une nouvelle version du style politique de l'actuel dirigeant, Leo Varadkar, qu'ils jugent déconnecté de la réalité.
Mais pour ses partisans, son enthousiasme pourrait redynamiser le Fine Gael, en troisième position dans les sondages à quelques semaines des élections locales et pour le Parlement européen, et à moins d'un an des législatives.