Pour preuve, il est celui-là qui, en 1989, alors responsable de la rédaction de la RTS, au cours d’un retour triomphal au Sénégal après plusieurs mois d’absence de l’alors opposant numéro 1, Me Abdoulaye Wade, avait refusé de diffuser les images de cet accueil exceptionnel qui avait drainé des millions de personnes ! Etant donné qu’à l’époque la RTS avait le monopole de la Télévision, les Sénégalais n’avaient jamais vu les images de cet accueil. Plus d’un tiers de siècle après, notre homme sévit toujours et comme Anatasie — ainsi que le « Canard Enchaîné appelait la censure durant la seconde guerre mondiale —, continue de manier les ciseaux pour couper ce que le Prince ne veut pas que le bon peuple voie.
Dans son communiqué diffusé ce weekend pour se justifier, donc, Babacar Diagne n’a pas avancé d’autre prétexte que le souci de protéger les enfants qui ne sauraient être exposés à la violence des heures durant. Il nous cite même longuement la convention des droits de l’enfant pour légitimer son acte liberticide et ses pratiques d’un autre âge. Celui du parti unique et de ses méthodes fascistes que l’on croyait à jamais révolues dans ce pays.
Hélas, Anastasie est toujours vivant et l’ex-Mjups n’a rien perdu de ses réflexes fascistes d’antan. Grattez le vernis démocratique, la peste brune du nazisme apparaît dans toute sa hideur. Hélas, le patron du CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel) n’a pas compris qu’au temps des réseaux sociaux, et notamment des télés YouTube, il est vain de censurer. A preuve, aussitôt le fil de Walf coupé — avec, à la clef, une suspension de sept jours ! — les Sénégalais se sont rués sur les innombrables télés YouTube pour suivre en direct les événements de Mbacké. C’est-à-dire les violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Babacar Diagne veut préserver les enfants de la violence ? Qu’il commence donc par demander au régime du Prince qu’il sert d’enlever de la rue ces milliers de gamins en guenilles qui y mendient dès potron-minet, c’est-à-dire de l’aube jusqu’à minuit. Quelle plus violente image que celle de ces pauvres enfants exposés à la mendicité en plein 21ème siècle ! Et pourtant, on n’a jamais entendu Babacar Diagne prendre la défense de ces malheureux gavroches. Des enfants qui aimeraient bien, un jour, pouvoir travailler mais ne pourront sans doute jamais le faire tant que des gens retraités depuis Mathusalem comme le patron du CNRA refusent de débarrasser le plancher pour permettre à nos jeunes diplômés de pouvoir enfin travailler. Comme l’a dit un des intervenants lors du sit-in tenu devant les locaux du groupe Wal-Fadjri vendredi dernier, « Babacar Diagne a pris le petit déjeuner avec Senghor, déjeuné avec Abdou Diouf, pris le goûter avec Abdoulaye Wade et diné avec Macky Sall ! » Tout en s’apprêtant à prendre le « kheudd » avec le successeur de ce dernier...
Allez donc dire à ces milliers de talibés qui errent dans nos rues, mais aussi à tous nos mioches, que « Mame » Babacar Diagne a fait couper le fil de Walf pour éviter qu’on les expose à des scènes de violences devenues quotidiennes dans nos rues avec des forces de l’ordre surarmées passant leur temps à mater des manifestants de l’opposant. Ils croiraient à une vaste blague ! Ou alors que c’est grand-père Babacar qui leur raconte les contes du soir au clair de lune...
Par Christian Sène, Le Témoin