Khalifa a une fausse timidité. Il est extrêmement téméraire, mais très raisonnable et méthodique (…) En 2009, il accède à la tête de la mairie de la capitale, par le concours de la Coalition Benno siggil Senegaal (Bss) (…) qui est vraiment Khalifa Sall ? Est-il ce chef de guerre de la rébellion socialiste, traître magnifique qui orchestre les petits meurtres contre Ousmane Tanor Dieng, sans jamais en assumer la responsabilité, comme l’accusent ses contestataires ? Ou le cheval de Troie socialiste qui viendra mettre fin aux années de courbettes du Ps, en le remettant au pouvoir, comme soutiennent ses partisans ? L’Obs a essayé de lever le mystère sur cet homme qui, malgré son agenda caché, est en route vers le… Khalifa. (…)
Aujourd’hui secrétaire national à la vie politique (congrès 2007) qui fait de lui, le second de Tanor Dieng, de fait, Khalifa Sall a dû trimer pour arriver à ce stade de responsabilités au sein du Parti socialiste. Mais il n’a jamais rien forcé, il a su prendre son temps pour gravir les échelons. Responsable de la 4e coordination de Dakar qui regroupait Yoff, Grand-Yoff, Cambérène, Ouakam et membre du directoire national du Ps qui comprenait trois jeunes par région, en 1979, Khalifa Ababacar Sall a, marche par marche, monté les escaliers, jusqu’au sommet. Des fois, par un concours de circonstances. Il est devenu le responsable de l’Union régionale de Dakar, en remplacement de son camarade, victime d’un accident. (…)
A la tête des jeunesses socialistes, Khalifa Sall devait se débarrasser des adultes qui les chaperonnaient à travers un encadrement. Il engage ce combat pour leur indépendance, afin d’intégrer les jeunes dans le bureau politique du Ps. Il était encore membre du comité central. Mais le congrès extraordinaire de mars 1984 est une aubaine. Sous sa houlette, les jeunes socialistes gagnent la voix délibérative qui leur permettait de participer aux votes d’installation des structures du parti. Les jeunes ont maintenant les mêmes prérogatives que les adultes. Khalifa intègre ainsi le Bureau politique, en 1984 dont il est aujourd’hui, le deuxième plus ancien, devant Ousmane Tanor Dieng. (…)
Khalifa Sall devient Honorable député aux élections législatives de 1983, mais sans pour autant, être membre du bureau politique. L’année suivante, au renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale, il remplace Mamba Guirassy, père de Moustapha Guirassy, ancien ministre sous Me Abdoulaye Wade, au poste de secrétaire élu, le poste revenant aux jeunes. Il devient le premier jeune à être membre du bureau à l’Assemblée nationale. En novembre 1984, il est devenu adjoint au maire Mamadou Diop à la ville de Dakar, après les élections locales. (…)
Un calculateur. L’impression d’un homme timide ne fait pas de lui un peureux. C’est une stratégie. A la place du bruit, il a choisi d’agir en sourdine pour attraper sa proie. Khalifa Sall a parfois fait profil bas, à certaines occasions, au point d’irriter ses supporters. Le 21 mars 2014, le Bureau politique du Ps procédait à l’élection de son secrétaire général national. Tous les yeux étaient rivés sur Khalifa Sall qui faisait déjà de l’ombre à Ousmane Tanor Dieng, pour lui succéder. Que nenni ! Le secrétaire national à la vie politique a déjoué tous les pronostics. Mais pas par peur. Ceux qui pensent que c’est un homme frileux se trompent lourdement. On confond souvent le courage physique au courage politique. Le courage politique, c’est de la lucidité, de l’habileté, et sur ce plan, il a beaucoup de courage. Il est patient, prudent et respectueux des principes, c’est pourquoi, il ne force pas les choses. C’est un homme organisé dans la méthode.
Politiquement, il sait se battre et il ne fait que ça, d’ailleurs. Il choisit le bon moment. C’est un homme de combat. Tel un chasseur, le maire de Dakar attend le moment propice pour donner le coup fatal. C’est un homme méthodique qui n’agit qu’au moment opportun. Quelqu’un qui est pressé ne peut pas cheminer. Il prend tout son temps, analyse la situation avec ses proches et quand il prend la décision, elle est irréversible. (…)
Il a la politique dans le sang. C’est un homme de parti. Si demain, il doit entreprendre une démarche, ce sera dans le cadre du parti. Dans le bras de fer qui l’oppose au pouvoir central, avec l’Acte III de la décentralisation, l’emprunt obligataire et la gestion des ordures, il en sortira vainqueur. Sa méthode : il laisse ses adversaires poser des pièges, pour ensuite les déjouer. Quelle que soit la volonté de Macky Sall à vouloir lui barrer la route, il vaincra. (…)
A Grand-Yoff, le temps de la jeunesse est fait de castagnes. Mais Khalifa n’a jamais fait de la force son atout, plutôt la sagesse. Ce qui lui a valu le surnom assez moqueur de : «Pa bou déh». Mais Khalifa ne s’est jamais limité au discours, il a su démontrer aux jeunes de sa génération qu’il était bien capable de réussir sa vie, sans heurts. Il s’est, en quelque sorte, tracé sa propre voie à suivre. On l’appelle «Pa Bou déh», parce qu’il était «vieux jeune». Il était trop mature pour son âge. C’était le sage, le médiateur du groupe. Tout convergeait vers lui. Il a été le premier à être marié de tout le groupe. Il a très tôt eu le sens de la responsabilité, de la mesure et de la méthode. (…)
Garçon débrouillard qui ne rechigne pas à la tâche, Khalifa s’est toujours battu pour aider sa maman,
vendeuse de couscous et son père Mbaye Sall, commerçant, dans la gestion financière de la grande maisonnée. ( …)
Il est très lié à la famille Sy. Il est pieux. Il jeûne les lundis et les jeudis. Il se ressource beaucoup auprès de son homonyme, Serigne Ababacar Sy. Mais aussi, il est très ouvert aux autres familles religieuses (Touba, Yoff Layène, Médina Baye etc.) Khalifa est un homme très équilibré. Un parfait funambule qui rêve d’un destin présidentiel.