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Paradoxes d’un scrutin (Par Abdoulaye THIAM)

TRIBUNE LIBRE
Jeudi 28 Mars 2024

Paradoxes d’un scrutin (Par Abdoulaye THIAM)

L’élection présidentielle du 24 mars 2024 n’a certainement pas livré tous ses secrets. Sauf celui des urges. Dans un vote-dégagiste, les Sénégalais l’ont transformé en un véritable référendum pour ou contre, le changement. Le résultat est sans équivoque. Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été plébescité avec plus de 54 % des suffrages valablement exprimés selon la commission nationale de recensement des votes. Le candidat de l’opposition, de surcroit «Plan B» de Ousmane Sonko est donc élu dès le premier tour.

Mais en dehors de ce fait inédit dans les annales, cette élection est plein de paradoxes. Surtout au niveau du verdict des urnes. En effet, sur les 19 candidats en lice, seuls Bassirou Diomaye Diakhar Faye (2 millions 434 mille 751, soit 54, 28 %), Amadou Ba (1 million 605 mille 086, soit 35, 79%), Aliou Mamadou Dia (125 690 voix soit 2,80%) et Khalifa Ababacar Sall (69 760 voix soit 1,56%) ont dépassé le minimum requis pour valider une candidature par le parrainage citoyen. Soit 0,6 % des électeurs du fichier électoral, correspondant à 44.231 électeurs.

Tous les 15 autres candidats sont passés à la trappe. Pis, le cumul de leurs voix fait 246.841. Soit une moyenne quasi inférieure à la hauteur de la moitié des 44.231 parrains exigés.

Pourtant, ils ont tous réussi à passer cette «fatidique» étape du parrainage. Ce qui remet encore en cause la sincérité de ce système qui expose les électeurs à la corruption sans occulter son caractère anti-démocratique.

Un citoyen qui parraine un candidat devrait en principe voter pour ce dernier. A moins que la volonté exprimée par ce citoyen au moment d’apposer sa signature ne soit guidée que par le gain ou de favoriser la pluralité des offres programmatiques des candidats et/ou de combattre l’injustice, l’ostracisme dont certains ont été victimes.

Par ailleurs, il faut aussi s’interroger sur la sincérité pour ne pas dire le sérieux de certaines candidatures «parrainées» par la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) mais aussi par le principal parti de l’opposition «Pastef/Les Patriotes», avec des motivations et/ou stratégies plus ou moins diverses.

La révision de ce filtre le 20 juillet 2023 par les députés avait été considérée comme une «avancée démocratique» par le Garde des Sceaux, ministre de la Justice d’alors, le Professeur Ismaïla Madior Fall, parce qu’il assouplit le système en passant de 0,8 à 1% de parrains appliqué lors de l’élection présidentielle de 2019, à 0,6 à 0,8% pour le scrutin fixé au 25 février 2024.

Sans occulter le parrainage des chefs d’exécutifs territoriaux dont les maires de communes et de villes ainsi que les présidents de Conseil départemental et celui des députés.

Sauf qu’au finish, on s’est rendus encore compte qu’il ne s’agit point d’un acte «consolidant» de notre système électoral. Au contraire, il a plutôt participé à fausser le jeu démocratique et à contribuer à des dépenses inutiles.

C’est d’ailleurs à se demander si l’absence du deuxième tour n’était voulue par le peuple qui ne souhaitait surtout pas que certains candidats «fantoches» et autres candidats dits «spoliés» ne puissent pas marchander des postes dans l’entre-deux-tours. Dans tous les cas, il urge de mettre un terme à ce cirque, à cette escroquerie politique qui n’a fait que trop durer.


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