L’expulsion du Sénégal de Kémi Séba nous concerne tous car étant illégal et illégitime. Kémi Séba n’a rien fait de mal, aucun délit, aucun crime. Rien d’autre que d’exprimer son incapacité à tolérer toutes formes de colonisation, ce « crime contre l’Humanité » comme le rappelle l’actuel président français lui-même. Son casier judiciaire est vierge au Sénégal. Il a juste alimenté, à sa manière virile, un débat que personne ne peut occulter : il temps que les Africains remplacent le franc CFA colonial par une monnaie qui leur appartient, qu’ils fabriquent eux-mêmes, qu’ils garantissent eux-mêmes, dont ils détiennent toutes les réserves eux-mêmes, qu’ils peuvent dévaluer eux-mêmes, bref qui soit vraiment indépendante. Et, cela est inéluctable. Bon gré, mal gré.
Kémi Séba est un activiste africain qui s’oppose à la néocolonisation sous toutes ses formes. Il a brûlé publiquement un billet de banque CFA et le tribunal l’a relaxé en mettant l’accent sur le symbolisme de l’acte, après que la BCEAO ait porté plainte contre lui. Le procureur ayant fait appel, l’affaire est toujours pendante devant la justice sénégalaise.
Son expulsion est illégale car le ministère de l’Intérieur qui a pris la décision fait partie d’un Gouvernement démissionnaire et, même s’il ne l’était pas, une telle décision est la prérogative exclusive d’un juge au Sénégal. Tout Exécutif qui se substitue à un Judiciaire se met en marge de la loi et est dangereux pour tout le monde.
Ce qui est illégal est encore plus illégitime. Kémi Séba est un Africain menant un combat noble et courageux contre les forces hypocrites intérieures et extérieures qui se sont gavées et qui se nourrissent encore du sang et de la chair de l’Afrique. Tous les Africains lui doivent hospitalité, appui et soutien, même s’ils sont en désaccord avec ses méthodes. Et, encore une fois, il n’a rien fait de mal.
Nous sommes tous Kémi Séba car son combat contre toutes formes de colonisation est le nôtre.
Nous sommes tous Kémi Séba car notre Gouvernement agit en toute illégalité et, dès lors, personne n’est à l’abri.
Mamadou Sy Tounkara