Pour beaucoup de militants de Bennoo, Mimi n’est pas mimi. Son manque de charisme, son caractère revêche et acariâtre et son inclination maladive à se jeter dans de fausses polémiques a beaucoup desservi son discours de campagne. L’esquive du débat auquel Sonko l’avait invitée lors de la campagne l’a beaucoup discréditée. Jamais, les Sénégalais n’ont compris que Mimi, avec sa faconde surabondante, puisse poser des conditions loufoques pour éviter ce qui aurait pu lui valoir une plus-value dans sa campagne stérile. En sus, elle s’est trop appesantie sur les réalisations du Président Macky Sall au point d’éclipser le bilan de la majorité présidentielle sortante à l’Assemblée nationale. Un mutisme littéral sur le travail des députés « benno-istes » sortants qui est sans doute une sorte d’aveu de leur inanité lors de cette 13e législature. Partout où Mimi est passée durant la campagne électorale des législatives, les leaders locaux ont manifesté un simulacre d’unité auquel elle a fait semblant de croire alors qu’elle n’était pas dupe. L’exemple de Thiès est éloquent à cet égard. 29 responsables locaux, avec en tête Idrissa Seck, l’avaient accueillie en pleine nuit avec des militants importés des coins les plus reculés de la région de Thiès. Et en dépit de la foule clairsemée qui l’avait accueillie, la tête de liste nationale de Benno a versé dans une extase feinte qui masquait mal en réalité sa profonde amertume. Et chaque matin, certains journaux, habitués aux unes enthousiastes mais en vérité trompeuses, ne manquaient de lui créer des foules imaginaires qui n’existaient que dans les colonnes de ces quotidiens mais que Mimi ne rencontrait nulle part sur le terrain.
Wade et l’erreur de 2017
Après l’échec cuisant d’Abdoulaye Diouf Sarr à la mairie de Dakar, les militants de BBY croyaient ferme que le seul qui aurait pu les sauver d’un deuxième naufrage aux législatives c’était Amadou Ba. Pour eux l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, même s’il est un transhumant de la 25e heure, mobilise mieux que quiconque après leur mentor Macky Sall. Et c’est pourquoi, plusieurs militants de Bennoo se sont demandé pourquoi Macky a misé sur la femme la plus impopulaire de leur coalition au détriment des draineurs de foules. La réponse est toute simple : Macky n’a pas voulu rééditer l’erreur de Wade de 2007 qui a été un véritable moment d’adoubement de Macky Sall alors tête de liste de la coalition Sopi. Pendant la tournée électorale de 2007, l’alors Premier ministre de Wade en avait profité pour s’affirmer comme son potentiel successeur en 2012. Cette campagne électorale avait permis à l’actuel président de la République de parcourir le pays dans ses moindres coins et recoins et de s’y faire connaître. Si Macky Sall a jeté son dévolu sur Aminata Touré, au lieu de Amadou Ba, c’est sans doute parce qu’il a l’intime conviction que cette dernière n’affiche pas des ambitions présidentielles qui l’auraient poussée à s’occuper plus à façonner une image présidentiable que de se préoccuper de la majorité parlementaire. En quelque sorte, Mimi, faute de base politique, ne représente pas un danger pour Macky et ne pouvait donc nullement compromettre son désir de poursuivre son odyssée présidentielle au-delà de 2024.
Si le président de la République n’a pas désigné Amadou Ba tête liste de Bennoo aux dernières législatives, c’était pour ne pas lui dérouler le tapis rouge qui l’inciterait à se mettre dans les starting-blocks en 2024. L’ex-ministre des Affaires étrangères aurait pu faire l’essentiel des contrées du Sénégal et se tailler l’étoffe d’un présidentiable en 2024. Il est de notoriété publique qu’Amadou Ba fait plus l’unanimité au sein de Bennoo que Mimi. Et diriger la campagne lui aurait certainement donné des galons supplémentaires pour se positionner en maréchal en 2024. Son handicap, c’est que les apéristes pur sucre lui dénient toute légitimité de se poser en dauphin putatif de Macky Sall.
Au sein de l’Apr, tout est interdit !
Et il est avéré que Macky Sall ne veut pas de successeur au sein de sa coalition surtout quand il s’appelle Amadou Ba. Sinon comment comprendre qu’à 18 mois de la fin de sa mission à la tête de l’Etat, le chef de l’Alliance pour la République (Apr) n’ait manifesté aucun signe allant dans le sens de régler le problème de sa succession. Cette situation d’incertitude où Macky ne dit ni oui ni non sur une éventuelle 3e candidature est en train d’agréger tous les germes scissipares au sein de la coalition BBY. En vérité, on ne devait même pas en être là puisque la Constitution dénie à l’actuel président toute possibilité de briguer un autre mandat après en avoir fait respectivement deux de sept et de cinq ans.
Et il est avéré que Macky Sall ne veut pas de successeur au sein de sa coalition surtout quand il s’appelle Amadou Ba. Sinon comment comprendre qu’à 18 mois de la fin de sa mission à la tête de l’Etat, le chef de l’Alliance pour la République (Apr) n’ait manifesté aucun signe allant dans le sens de régler le problème de sa succession. Cette situation d’incertitude où Macky ne dit ni oui ni non sur une éventuelle 3e candidature est en train d’agréger tous les germes scissipares au sein de la coalition BBY. En vérité, on ne devait même pas en être là puisque la Constitution dénie à l’actuel président toute possibilité de briguer un autre mandat après en avoir fait respectivement deux de sept et de cinq ans.
Au sein de l’Apr, il est interdit de guigner le fauteuil présidentiel. Mais certains responsables politiques de Bennoo très déterminés et qui croient en leur destin présidentiel se préparent à la révolte au cas où le président Sall Macky penserait à demander une troisième fois les suffrages des Sénégalais. Aujourd’hui, dans son parti, Macky incarne doublement et à la fois les personnages de Louis XIV et de Louis XV. Le premier est connu pour avoir dit : « l’Etat, c’est moi ». Et tel que fonctionne l’APR aujourd’hui, on a l’impression que le parti Apr et, de façon plus étendue, la coalition Bennoo, c’est Macky Sall ! Il y règne en satrape ayant le droit de vie et de mort politique sur chacun de ses partisans. On a fait exprès de ne jamais structurer le parti pour que Macky, monarque, soit le seul centre décisionnel. Et pour le Louis suivant, il resté dans l’histoire pour avoir clamé fort : « Après moi, le déluge ». Tel que l’Apr fonctionne aujourd’hui, Macky s’embarrasse peu de ce qui arrivera quand il va quitter la station présidentielle de gré ou de force. Que le parti se désagrège et ou se déchire, peu lui chaut. Mais malheureusement, ce fut un déluge de sang après la déclaration de Louis XVI puisque les Républicains guillotinèrent son successeur et petit-fils Louis XVI. C’est donc dire que Macky doit régler le problème de la succession au sein de son parti et écarter toute idée de « Yokk », c’est-à-dire toute intention de proroger illégalement sa mission présidentielle. Et les Sénégalais espèrent que le « Yoonu Yookuté » ne se muera pas en « Yoonu Yokk mandat bi ». Peut-être qu’il misera encore sur Mimi, son cheval perdant qui, décidément, depuis 2012, n’est jamais découragée par sa kyrielle de déconvenues électorales.