C’est qu’avec ce départ programmé et désormais annoncé de Lucho, la Pulga ne perd pas le sourire. Mieux, il avance ses pions en vue d’une prolongation et presse sa direction de recruter un coach qu’il bénit – a priori son compatriote Jorge Sampaoli. Car depuis l’intronisation de Luis Enrique à l’été 2014, le Dios barcelonais ronge son frein jusqu’à accueillir d’un bon œil le chantier de reconstruction qui attend le Barça cet été.
L’éviction du natif de Gijón, Lionel Messi la souhaite pour ainsi dire depuis début 2015 et une série d’accrochages qui malmène la stabilité du Barça. Alors aux commandes depuis seulement quelques mois, celui qui se considère « de retour à la maison », comme « au paradis, dans un Disneyland du foot », se prend le plus gros manège catalan sur le bout du nez. Dans ce parc d’attractions footballistique, Léo Messi est en effet le plus intrigant et amusant des carrousels. Si bien que tout au long de ses multiples conférences de presse, il ne cesse de brosser le numéro 10 dans le sens du poil et l’ériger en divinité azulgrana.
Pourtant, en interne, le ton diffère nettement, comme lors du premier entraînement de 2015, quand dans un petit match d’entraînement, il refuse un but anodin à l’Argentin. S’ensuit une colère noire du Diez qui, sans même prévenir, ne daigne se rendre à la séance du lendemain, pourtant ouverte aux socios. Seul Xavi, en diplomate aguerri, arrive à calmer la tension qui s’installe entre les deux hommes en pressant Lucho de ne pas attaquer frontalement sa star. Qu’importe, le mal est fait.
Messi-Lucho, une non-relation décisive
Cette relation houleuse éclate ainsi en mondovision quelques jours plus tard lors d’un déplacement à Anoeta. Fidèle à ses principes rigoureux, l’Asturien décide de punir Lionel Messi et le laisse à ses côtés sous la guérite. Un choix loin d’être judicieux puisqu'en plus d’une défaite, il y gagne un nouvel accrochage dans les vestiaires avec la puce atomique. Le Barça est en ébullition et ne trouve son salut qu’au travers de la non-relation qu’entament les deux hommes. Dès lors, ils ne se consultent plus : à Lucho la direction des séances, à Messi les clés du camion lors des matchs. Jusqu’à aujourd’hui, cette liaison ne varie pas d’un iota, sauf lors des soirs de grandes victoires comme à Berlin en juin 2015.
L’entente cordiale fait son bout de chemin – huit titres sur dix possibles –, mais se trouve désormais face à une impasse. Si bien que Luis Enrique, aussi colérique qu’intelligent, décide de quitter le navire, qui tangue comme jamais au Parc des Princes, avant qu’il ne chavire. Alors qu’il tarde à prolonger son bail avec les Culés, Messi se retrouve pour sa part dans une position de force unique, car en plus de défaire des entraîneurs, il compte désormais bien les nommer.