«De plus, lorsque les rapports de l’Inspection générale d’État sont transmis au président de la République, qui, lorsque les faits visés sont constitutifs d’infractions à la loi pénale, décide de manière discrétionnaire de l’éventualité d’une suite judiciaire ou non, il y a une sélection qui se fait sur une base politique, et qui peut aussi donner l’impression d’un embrigadement de la justice, qui résulte non pas forcément d’un fonctionnement défectueux de celle-ci, mais qui est lié donc à l’hyper-présidentialisation du système politique sénégalais.
«Enfin, lorsque certaines décisions de justice donnent à penser que le pouvoir en place est favorisé au détriment du droit, cela participe également à écorner l’image de la justice, qui constitue pourtant un pilier essentiel de la société, en tant que dernier rempart pour la protection des droits et libertés, et du fonctionnement harmonieux et efficace de tous les secteurs de la vie nationale, politique, économique, social et autres. Au demeurant, en l’état actuel de l’évolution politique et démocratique du Sénégal, embrigader la justice peut entraîner des contrecoups et un coût politique élevé.
«Car, avec le système électoral mis en place, et dont la transparence doit être sans cesse surveillée pour être préservée, nul ne peut prévoir l’issue d’une élection ! Donc instrumentaliser la justice, c’est prendre le risque de subir plus tard les mêmes tracasseries et injustices qu’on administrait aux autres lorsqu’on était au pouvoir !»