La conviction que nous vivions les dernières heures d'un ordre ancien et que notre démocratie était mûre pour redessiner une géographie partisane dépassée. Le chemin était étroit mais passant par la gauche, ce champ de ruine, et avec la dose de chance sans laquelle il n'y a pas de grande victoire, le «métèque» de la politique, comme il s'est souvent qualifié lui-même, a trouvé la voie de passage. Seule figure vraiment nouvelle de cette joute présidentielle, il a réuni sur son nom plus de 20 millions de voix. Sa légitimité incontestable n'est pas seulement forte de ce résultat. Elle l'est aussi de ce qu'il symbolise, cette volonté de renouvellement qui s'est exprimée avec radicalité et que, nouvel entrant, il a sentie mieux que tous les rentiers de la politique.
L'attente est immense
Le monde, ébahi, découvre en la personne de son nouveau président le visage d'une France jeune, audacieuse, conquérante. Une France qui fait la place aux outsiders, qui risque et qui décidément surprend à l'heure du populisme triomphant. Le nouveau chef de l'Etat français devra confirmer les qualités qu'on lui prête. L'attente est immense car, encore plus que dans d'autres pays occidentaux, notre société est minée par le chômage de masse et s'inquiète des mutations à venir. Or l'inquiétude alimente la colère, cette campagne l'a amplement démontré. Il faudra savoir y répondre. Mais quand, ailleurs, cette colère entraîne les peuples dans le mensonge, la régression identitaire et l'enfermement, elle s'est traduite chez nous par un tout autre choix, éclairé, fidèle à ce que nous avons toujours été : celui de la raison, de l'espoir et de la liberté.
Nicolas Barré