«Même s’il boit dix Coca d’un seul coup, avant d’en arriver au stade de la perte de connaissance, on doit observer qu’il passe trop de temps à dormir», souligne le Dr Niang. Autant d’éléments, parmi tant d’autres, qui poussent le docteur à observer que les personnes souffrant de cette maladie doivent être dans une prison spéciale. Ces éléments poussent également à se demander comment les responsables de la prison de Rebeuss ont pu attendre que Bamba Fall soit proche du coma diabétique pour procéder à son évacuation.
Si le Dr Niang ne l’a pas explicitement indiqué, il s’avère clair que Bamba Fall, dont la maladie est un secret de polichinelle, est victime d’une négligence manifeste. Lui, comme ses proches, a clamé haut et fort qu’il souffre d’un diabète nécessitant une attention particulière. Et si l’on en croit la description de cette maladie faite par l’urgentiste, loin d’avoir été surveillé de près, le maire de la Médina semble avoir été laissé à lui-même.
L’évacuation de Bamba Fall, relayée par de nombreux médias, doit faire froid dans les dos de Macky Sall et d’Oumane Tanor Dieng. Il n’est pas besoin d’être dans leur tête pour deviner tout leur embarras. Si la plainte du dernier a tout déclenché, c’est au président de la République qu’est imputé le maintien en prison du maire de la Médina.
En effet, après plusieurs sollicitations d’une liberté provisoire, Bamba Fall et ses co-accusés ont cru l’avoir obtenue mardi dernier. C’était sans compter sur le procureur de la République qui s’est pourvu en cassation. Obligeant ainsi les mis en cause dans le saccage de la maison du Parti socialiste le 5 mars 2016 à défaire leurs bagages qu’ils avaient commencé à arranger. Inutile d’entonner le refrain de la Justice indépendante et du procureur libre.
Le déséquilibre dont fait montre le procureur qui reçoit directement ses instructions du ministère de la Justice que dirige Sidiki Kaba sous les ordres de Macky Sall, il n y a que les coqs qui ne l’ont pas chanté. Me Ciré Clédor Ly, un des avocats de Bamba et co-accusés, réagissant au pourvoi en cassation du parquet général avait observé : «Aujourd’hui, ce qui choque les Sénégalais, ce qui choque les juristes, même ceux qui n’ont pas de voix parce que ne pouvant pas parler publiquement mais qui le murmure, c’est cette maladie qui fait que la justice se fait gangréner de plus en plus par des pressions politiques, des dossiers politiques qui sont des règlements de comptes».
Serigne Bassirou Guèye a suffisamment œuvré pour que les Sénégalais se rendent compte que le parquetier obéit au doigt et à l’œil à l’exécutif qui l’a installé dans son fauteuil. Faut-il rappeler que c’est parce qu’il a rajouté aux griefs imputés aux mis en cause le chef d’accusation : «tentative d’assassinat», que le dossier a atterri sur la table d’un juge d’instruction.
L’implication de Macky Sall, à travers le procureur de la République assujetti au ministre de la Justice nommé par le chef de l’Etat, dans ce dossier ne fait pas de doute, eu égard au caractère politique qu’il revêt et dont il n’est plus opportun d’en faire la démonstration. Comme celles des Sénégalais attristés par cette nouvelle, les prières du président Sall sont attendues pour le prompt rétablissement du maire de la Médina. Car, à ce niveau, lui aussi est en observation.
Source : Walf