Pour le chef de l’Etat sénégalais, c’est l’inverse qui est de rigueur. Quand le pays bruit de menaces et d’intentions affirmées de défendre une démocratie ouverte, Macky Sall prend l’avion en direction de Paris pour, indique un communiqué laconique de la présidence manifestement rédigé à la va-vite, «des entretiens d’intérêt commun avec le président Emmanuel Macron.»
Personne n’est dupe. Ce voyage diplomatique du président sénégalais est la suite logique de la fuite en avant présidentielle dans la gestion du sulfureux dossier du projet de parrainage que l’assemblée mécanique des parlementaires de Benno Bokk Yaakaar envisage de faire passer le jeudi 19 avril 2018.
Quand c’est important, le président sénégalais n’est jamais présent. Sur cette question épineuse, Macky Sall n’a jamais jugé utile de parler solennellement au peuple sénégalais sur une disposition qui, dans les conditions de sa mise en œuvre envisagée, ramène notre démocratie plusieurs décennies dans le passé.
Pas une adresse, les yeux dans les yeux, pour expliquer et tenter de justifier son projet, ici au Sénégal. Pas un mot à des compatriotes surpris par une initiative inopportune et malhonnête dont l’objectif de capture de l’électorat national est trop évident pour ne pas mériter un dessin.
En réalité, cet «exil» planifié de cinq jours en France pour rencontrer un Macron également pris dans le tourbillon des revendications-contestations est une indication significative du rapport que le président Sall entretient avec le pays. Distance, froideur, silence, incompétence… L’aveu de faiblesse d’un magistrat suprême reclus dans sa tour d’ivoire, laissant la parole en héritage à des téméraires qui tiennent si fort à la pérennisation de leurs strapontins qu’ils en sont devenus aveugles et perdus.
Quand ce pays brûlera pour de bon - à Dieu ne plaise - cet homme-là n'y passera pas une seconde.
Impact.sn