Il a su, savamment, par une stratégie de harcèlement de ses adversaires, les divertir à suffisance dans le cadre de traques de biens mal acquis et de poursuites judiciaires au point de leur faire oublier leurs missions d’opposant.
En dehors de Karim Wade, Aïda Ndiongue, Samuel Sarr, Me Amadou Sall et autres caciques du Pds au nombre d’une vingtaine ont dû être inquiétés dans le cadre de diverses procédures, y compris d’offense au chef de l’Etat.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a subi la plus grande hémorragie de son histoire avec des départs en cascades de hautes personnalités jusque-là inconditionnels de Me Wade.
Parallèlement, Macky a théorisé la transhumance et fragilisé certaines formations politiques comme Rewmi d’Idrissa Seck où des départs en série ont été enregistrés.
Bien sûr, tout n’est pas forcément la faute de Macky, il se peut que le parti souffre également d’un problème de gestion en interne. C’est en tout cas la conviction de Yankhoba Seydi, un des membres de son directoire.
Qu’à cela ne tienne, Macky a fait le vide autour de lui laissant peu de choix aux Sénégalais quant à ceux qui doivent pouvoir lui faire face.
Il a même refusé tout débat sérieux sur le statut de l’opposition et sur son leader, contrairement à la volonté du peuple exprimée par référendum par le peuple lui-même.
Partant, il a régné sans anicroche faute d’une opposition organisée avec un leader qui catalyse les espoirs.
C’est ce vide qu’Idrissa Seck semble vouloir combler aujourd’hui. Le patron du parti Rewmi a mené une offensive à un double niveau : sur le terrain en rendant visite aux populations, et au niveau de la communication en attaquant frontalement Macky et en essuyant des attaques de la part des proches de ce dernier.
Il réussit ainsi son pari de s’ériger en leader et d’incarner le sauveur qui se préoccupe du sort des populations.
La contre-attaque des apéristes ne fait qu’accréditer cette donne et pousser Idy sur les panthéons du leadership de la contestation contre Macky et son régime.
C’est pourquoi, la guerre entre les deux aura lieu. Elle peut s’arrêter au premier tour comme elle peut aller au-delà.
Mais, ce qui est sûr, c’est qu’en faisant le vide autour de lui, Macky a aussi fait l’affaire d’Idy qui, en théorisant la multiplicité des candidatures au premier tour, règle de facto les contradictions intérieures qui pouvaient exister avec ses alliés naturels comme le Pds et lui.
En réalité, le contentieux qui les oppose transcende les clivages politiques. Depuis 2004, date de la défénestration de l’ancien Premier ministre remplacé par l’actuel Président de la République, il y a comme qui dirait un parfum de vengeance qui sépare les deux hommes.
Idy et ses proches n’ont pas oublié le rôle que Wade a fait jouer à Macky dans le cadre du rassemblement d’éléments à charge contre Idy. Le dossier des chantiers de Thiès a coûté de longs mois de détention à celui que ses proches appellent Mara.
Aujourd’hui que la presse parle de possibles fouilles du régime dans ses comptes bancaires et autres avoirs de Idy, on peut aisément comprendre que chez ce dernier nourrit l’envie de prendre sa revanche sur celui qui a pris sa place et au Gouvernement et sur le fauteuil présidentiel.
Or, il nous semble que si Karim Wade et Khalifa Sall étaient candidats, l’aura d’Idy auraient pu en prendre un sacré coup. Malheureusement, les stratégies de Macky n’avaient pas suffisamment intégré le cas Idy, trop vite donné pour mort politiquement.
La nature a horreur du vide et le siège de tête de fil de l’opposition a longtemps été laissé inoccupé.
Aujourd’hui, la précampagne électorale est ouverte dans un combat à mort politique entre deux hommes qui surviraient difficilement d’une défaite.
Assane Samb