«J’ai pris un décret qui plafonnait l’ensemble des salaires au Sénégal. Aucun salaire ne dépasse depuis 2013, 5 millions de francs CFA au Sénégal», a fait savoir le président Sall à son homologue portugais.
Mais les hauts salaires de l’administration ne sont pas jaugés à l’aune d’un seuil plafond de 5 millions mais en plus du salaire brut, des avantages cumulés dont bénéficie une caste de fonctionnaires.
Rappelons que le décret n°2012-1314, fixant les salaires, attribue à la première catégorie de Directeurs généraux regroupant ceux de l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie), d’Ageroute, de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorite (Anacim), de l’Agence de la gestion du patrimoine bâti de l’Etat, de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal (Ansds), de l’Agence des aéroports du Sénégal (Ads), un salaire de 5 millions FCFA.
Outre ce salaire faramineux, ces Dg ont droit à une prime annuelle minimale de 21 millions FCFA. Donc au bas mot chacun d’entre eux bénéficient de 7 millions par mois. Nous ne parlons même pas des avantages dont ils bénéficient durant leurs voyages à l’étranger en termes de per-diem et de frais de mission, du logement de fonction gratuit, du carburant à foison et des voitures de fonction de luxe.
Dans la deuxième tranche, on retrouve les Directeurs généraux de l’Agence nationale de la recherche scientifique appliquée (Anrsa), de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), de la Haute autorité de la sécurité maritime (Hasm), de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (Anat), de l’agence sénégalaise pour la propriété intellectuelle (Aspi), de l’Adpme, de l’ex-Pcrpe et de l’Anam qui trônent sur 04 millions de francs mensuels. En plus de ce salaire, ils ont une indemnité annuelle de 16.8 millions FCFA.
Et dans la troisième catégorie, viennent les Directeurs généraux de la Haute autorité de l’aéroport, de l’Asepex, de l’Agence de la grande muraille verte, de l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida), de l’Agence de promotion du réseau Hydrographique national et de l’agence de la Case des tout-petits qui gagnent 3 millions par mois. Ce, compte non tenu des 12.6 millions de prime annuelle.
Ces deux dernières catégories bénéficient des mêmes avantages que la première catégorie. Par conséquent, ce serait trompeur pour le président de vouloir faire savoir qu’au Sénégal, un fonctionnaire ne touche pas plus de 5 millions.
Il en est de même pour les anciens présidents de la République. En effet, le décret 2013-125 attribue, aux anciens présidents, un salaire mensuel de 5 millions de F CFA (7 600 euros), accompagné d’une assurance maladie étendue au conjoint. Deux véhicules, un téléphone fixe, un logement meublé et du personnel (dont deux agents de sécurité, deux assistantes, un standardiste, un cuisinier, une lingère, un jardinier, deux chauffeurs) leur sont également octroyés.
En cas de renoncement au logement affecté, les textes prévoient une indemnité compensatrice de 4,5 millions de F CFA par mois. Aujourd’hui, on peut dire qu’à chaque fin du mois, Abdoulaye Wade et Abdou Diouf touchent chacun 9,5 millions liquide, abstraction faite des autres avantages pécuniaires et matériels. Malgré cela, Abdou Diouf, à chacun de ses voyages au Sénégal, est logé et nourri aux frais de la Princesse.
Concernant les députés, certains salaires peuvent dépasser les 5 millions cumulés. Les 17 membres du bureau, touchant chacun 3 millions par mois, bénéficient d’un logement de fonction, d’une dotation mensuelle de carburant de 1000 litres plus 250 000 francs CFA de crédit de téléphone. En outre, ils disposent de deux véhicules de fonction : un 4x4 Toyota Fortuner (26 millions l’unité) et un C5 (14 millions l’unité).
Mais, c’est le chef de l’institution parlementaire qui remporte le jackpot. Lui, contrairement aux affirmations du président de la République, il touche 8 millions de francs par mois. A cela s’ajoutent 10000 (dix mille) litres de carburant par mois et 500 millions de fonds politiques annuels (donc 40 millions) par mois, 500 mille francs de crédits de téléphone par mois. Donc le président de l’Assemblée nationale coûte au contribuable sénégalais au moins 50 millions par mois.
On pourrait dire la même chose pour les patrons des autres institutions comme le Conseil économique social et environnemental (Aminata Tall) et le Haut conseil des collectivités territoriales (Ousmane Tanor Dieng).
Les ministres du gouvernement ont eux aussi chacun 2 véhicules de fonction, un logement de fonction, un salaire minimal de 3 millions de francs, un bon de commande de 10 millions pour meubler leur maison, des frais de mission variant entre 150 000 et 200 000 F par jour, de 1000 litres de carburant par mois, une ligne téléphonique d’une valeur de 250 000 F mensuelle.
Par conséquent, ce serait, de la part de celui qui nomme aux emplois civils et militaires, réducteur voire trompeur de vouloir faire croire aux Sénégalais que les salaires ne dépassent pas les 5 briques alors que la réalité est autre.