Autre question, le Sénégal, longtemps décrit comme un modèle d'islam modéré historiquement confrérique, est-il devenu le nid d'où essaime de potentielles recrues terroristes ?
Il y a d'abord cette enquête réalisée en octobre 2016 et dirigée par Dr. Makary Sambe, Mouhamadou Bâ, Geneviève Duchenne, Yague Hanne et Mame Seyni Mbaye auprès de 400 personnes par le Timbuktu Institute intitulé "Facteurs de radicalisation: perception du terrorisme chez les jeunes dans la grande banlieue de Dakar" qui fait peur. Malgré sa remise en cause, l'enquête fait froid dans le dos. Sur les 400 personnes interrogées par l'Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, affilié à cet institut de recherches : au nom « de la défense de l'islam », 10% des sondés seraient prêts à s'engager dans une organisation terroriste. En rupture avec les 90% qui répriment l'idée, ils sont des candidats probables au djihadisme.
Aujourd'hui, le pays compte une dizaine de recrues combattant sous la bannière de l'Etat islamique en Syrie, sans compter les ressortissants sénégalais qui grossissent les rangs de Boko Haram ou d'Aqmi. Ces Sénégalais qui ont succombé à la tentation djihadiste mènent une intense campagne de communication pour appeler leurs compatriotes à rejoindre les rangs de Daesh.
En octobre 2016, l'arrestation à Kaolack, région sénégalaise à 190 kilomètres au sud-est de Dakar, d'un imam jugé « radicalisé » avait été diversement apprécié. Si certains ont parlé de combattre le radicalisme sous toutes ses formes dans ce pays laïc et modéré, d'autres y ont vu une attaque de lobbys contre l'islam et ses représentants.
Néanmoins, le Sénégal est sur le qui-vive. La sécurité autour des hôtels, restaurants huppés, lieux de fréquentation touristique et à forte concentration de population sont étroitement surveillés par des hommes en armes depuis que des capitales ouest-africaines comme Niamey, Abidjan ou même Bamako ont été visées par des attentats.
Pourtant, paradoxalement, le Sénégal est absent de la réunion du G5 Sahel (ndlr : Le G5 Sahel est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité) malgré le lobbying de sa diplomatie.