Mesdames, messieurs les membres du Conseil national de l’audiovisuel,
Mesdames, messieurs
Monsieur le Président
En raison de l’ampleur des mutations si rapides dans le secteur de la communication, la régulation est devenue, à la fois un enjeu et un défi crucial de notre époque.
Outre l’accroissement des moyens de communication, nous assistons à une véritable révolution des outils, des modes et des contenus qui impactent profondément les rapports sociaux.
Je voudrais, donc, vous exprimer mes sincères remerciements et vous saluer au moment de recevoir votre rapport, car je sais combien est ardu le travail des régulateurs. La régulation est un acte de courage chevillé autour des principes d’objectivité, d’équité et de transparence qui garantissent l’équidistance par rapport aux acteurs.
Incontestablement, vous avez imprimé une nouvelle dynamique à la régulation. Par votre approche fondée sur la pédagogie, par la rigueur et l’exhaustivité du monitoring, par la régularité et le sens critique de vos rapports, par le souci de capitalisation, vous avez enrichi considérablement la doctrine de la régulation.
Si tout ce travail a été possible, c’est certes grâce à votre engagement, votre générosité et votre attachement aux intérêts des différentes couches de la population, particulièrement les publics jeunes. C’est surtout aussi grâce au leadership du Président du Conseil national de l’audiovisuel, Monsieur Babacar Touré.
Monsieur le Président,
Vous avez été constant dans votre réputation d’homme de conviction, aux engagements utiles, à l’expérience professionnelle peu commune, un homme de foi dans toutes les causes justes. Je vous sais ferme sur les principes. Je vous sais tout aussi flexible, pédagogue, plutôt persuasif. Vous avez fait montre de générosité, d’esprit fédérateur autour de principes et d’impartialité, confirmant, si besoin en était, vos capacités de synthèse et de dépassement. Car il faut rappeler que vous êtes du secteur de la communication, figure emblématique en tant que journaliste professionnel et créateur d’entreprises.
Monsieur le Président, je tiens donc à vous réaffirmer mes remerciements et mes très vives félicitations, au nom de toute la nation, pour votre leadership et le travail formidable que vous avez accompli à la tête du Conseil national de régulation de l’audiovisuel.
Mesdames, messieurs,
L’objectif de la régulation est de répondre essentiellement à un souci d’équilibre. Les sociétés sont fragiles de leurs propres dynamiques. Tout progrès introduit en même temps de nouvelles vulnérabilités dans la mesure où il touche à l’ordre social, aux rapports sociaux et aux intérêts à la fois économiques, culturels et symboliques, spécialement dans le domaine de la communication.
Le Sénégal a une expérience remarquable en la matière. Ici, les mutations s’opèrent avec une rare rapidité du fait d’une longue tradition d’ouverture et, surtout, d’un modèle démocratique très propice à l’éclosion des idées et des initiatives.
Ainsi, même au temps lointain du parti unique, les citoyens ont toujours trouvé, par leur admirable génie, des modes d’expression divers dans l’espace public. Cette tendance s’est accentuée avec le multipartisme intégral au tout début des années 80 avant de revêtir les figures d’une véritable explosion médiatique au début des années 90 du siècle dernier.
Nous avons beau être attentifs aux bruits de fond du futur. Il était difficile, toutefois, d’imaginer l’envergure des mutations en cours dans le secteur de la communication.
En effet, le numérique et le smartphone marquent une révolution sans précédent dans le secteur de la communication. Ils apportent de nouveaux outils et de nouveaux styles de contenu dans ce mode d’échange spécifique entre les Hommes qu’est la communication.
La régulation devient alors plus impérative, mais aussi plus complexe. Il ne s’agit pas seulement du nombre de supports de diffusion. Il est question, encore, de l’extrême diversité des supports et des acteurs dans les divers réseaux d’expression.
La révolution du numérique offre la possibilité à chacun d’être acteur dans la création et la diffusion de contenus dans la sphère publique. Les réseaux sociaux, toutes catégories confondues, et la numérisation des médias classiques constituent de nouveaux défis pour la régulation. Comment réguler dans ce flot permanent et imprévisible de contenus pour protéger la société et, en même temps, tenir sur le fil d’une démocratie exemplaire ?
Vous avez, Monsieur le Président du Conseil national de l’audiovisuel, esquissé des réponses intéressantes sur cette question.
La fermeté alliée à la pédagogie est une piste féconde.
En effet, il est question de veiller au respect des règles communément admises mais aussi d’éduquer et de former les divers acteurs producteurs comme consommateurs de contenus.
La communication, au sens classique et professionnel de la production et de la diffusion de contenus n’est plus l’affaire d’un groupe spécialisé. Pour la première fois dans l’histoire, la communication est devenue une pratique en partage impliquant un nombre impressionnant de groupes porteurs d’intérêts particuliers.
C’est pourquoi, la régulation n’est plus vouée simplement à protéger les publics vulnérables, à veiller sur les équilibres et le principe d’équité.
Elle doit, également, enrichir sa doctrine et ses pratiques de la question essentielle et actuelle de la sécurité rudement mise à l’épreuve par les groupes extrémistes dans les divers réseaux du web.
En d’autres termes, la régulation est appelée de plus en plus à élargir son champ pour ne pas laisser cette question aux mains des seuls législateurs et préposés à la sécurité publique.
Je saisis l’occasion pour appeler tous les acteurs au sens de la responsabilité et de la mesure qui est possible avec le principe d’autorégulation.
Les associations professionnelles et les entreprises doivent renforcer leurs stratégies et instruments d’autoévaluation pour le bénéfice de toute la société.
Mesdames, messieurs,
Il y a donc un vaste chantier à entreprendre. Nous devons accentuer les acquis et continuer à être attentif aux mutations pour nous adapter en permanence.
Ainsi, j’ai décidé de renforcer encore le CNRA de façon conséquente afin que cet organe précieux dans un contexte démocratique puisse assumer davantage son rôle en couvrant davantage son champ et en disposant des diverses compétences que requièrent les mutations dans le secteur de la communication.
Dans le même ordre d’idées, notre stratégie de généralisation de la TNT doit être accélérée pour le respect du principe d’équité et d’égalité des citoyens. Le ministère de la communication et l’ensemble des organes impliqués dans cette dynamique doivent y veiller particulièrement.
Monsieur le Président du Conseil national de l’audiovisuel,
Mesdames, messieurs les régulateurs,
Mesdames, messieurs
Nous avons donc une exigence de modernisation à assumer pour une évolution maitrisée du secteur de la communication dans notre pays.
Je sais que dans cette perspective, le CNRA continuera à jouer son rôle de conseil, de modération et d’orientation. Les différents rapports que vous avez produits seront, sous ce rapport, des guides précieux.
Je vous remercie.