L’Algérie, allié historique de la Russie, a simplement appelé ses citoyens sur place à faire preuve d’une extrême prudence sans se prononcer sur le fond.
La réaction la plus vive est finalement venue d'Afrique du Sud, où le conflit russo-ukrainien prend un tournant politique. Moscou est considéré comme un partenaire stratégique, membre tout comme Pretoria de la communauté économique des Brics. C'est aussi un allié de longue date de l'ANC, le parti au pouvoir, du temps où l'ex-URSS soutenait les mouvements de libération en Afrique australe. Peu engagé dans la résolution du conflit avant que la guerre n'éclate, le gouvernement sud-africain exige désormais le retrait immédiat des troupes russes en Ukraine.
Mais cette prise de position est jugée par certain trop tardif, rapporte notre correspondant à Johannesburg, Romain Chanson. Le responsable des questions internationales pour le parti d'opposition l'Alliance démocratique, Darren Bergman, regrette ainsi que le gouvernement ait fait preuve d'une si grande retenue jusqu'à présent. « Ils ont l'air d'avoir un sentiment d'infériorité face à la Russie. D'évidence, ils respectent leur partenaire des BRICS et restent disciplinés. On devrait plutôt faire jouer nos relations dans les Brics pour condamner la Russie dans les termes les plus vifs », estime-t-il.
L'Afrique du Sud dit respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale des pays. En cela elle se range derrière l'Ukraine. Mais elle dit aussi qu'il faut trouver une solution diplomatique aux inquiétudes soulevées par la Russie. L'Afrique du Sud avance avec prudence.
« Ça va être compliqué pour l'Afrique du Sud de trouver le point d'équilibre. Avec ce communiqué, elle veut montrer qu'elle reste ferme sur ses principes, mais elle doit aussi protéger ses intérêts économiques et les liens entre la Russie et l'Afrique du Sud sont de plus en plus importants », estime Cayley Clifford, chercheuse à l'Institut sud-africain des affaires étrangères et spécialiste des relations Afrique-Russie.
L'ambassadrice ukrainienne en Afrique du Sud demande au gouvernement de prendre des sanctions contre la Russie. C'est peu probable. Elle-même reconnaît que ce serait une décision difficile à prendre.
RFI