On dirait qu’en Mauritanie il n’y a pas de poésie autre que classique. En Mauritanie, on trouve une poésie en langue mauritanienne de Molière qui n’est pas moins excellente qu’une poésie écrite dans la langue Imrou’Elqays. Ce peuple vient d’horizons divers, on ne peut le réduire en une seule dimension. Et le mot أغرمان” que certains considèrent comme signifiant esclave des romains (ag-romains) renvoie au rattachement de ces gens aux romains. Par conséquent des foules d’occidentaux, des romains, ont contribué à la formation du peuplement de la Mauritanie qui était profondément lié aux romains depuis des temps immémoriaux. Sans oublier le rôle des maures qui avaient fui l’inquisition, il faut d’ailleurs noter que la seule blancheur de peau ne renvoie pas à l’arabité. Le peuple soninké (sarakollé) dont certains auteurs disent qu’il appartient à la zone d’Assouan en Egypte, disent les uns aux autres qu’ils étaient blanc.
Ce qui renforce la thèse selon laquelle ils sont venus du Nord et s’illustre dans certains dictons tels que « sourakha kamile choumbaana ». Mais leur contact avec les africains a impacté sur leur teint pour leur donner la couleur actuelle qui les caractérise. Concernant le côté linguistique de la question, on a noté une prédominance du dialecte hassaniyya (de l’arabe), qui a commencé à être parlé depuis les premières vagues migratoires alors même qu’elle conserve, jusqu’à aujourd’hui, les survivances de la langue sanhaja que les régimes successifs se sont employés à étouffer de sorte qu’il n’en soit perçu que le côté arabe en Mauritanie. Bien qu’il existe encore de nombreuses poches en Mauritanie où cette langue (sanhaja) est parlée, ou tout au moins durant une partie de l’histoire de la Mauritanie, les Arabes et la langue arabe sont incontestablement une partie de la Mauritanie, mais une parmi plusieurs parties que l’on ne voudrait pas voir étouffer les unes les autres : le wolof, le soninké et le pulaar sont des langues de la vie quotidienne en Mauritanie.
Au plan politique, la Mauritanie n’a pas été soumise, comme l’ont été les arabes, à l’empire Ottoman, pour plusieurs raisons. Du coup, elle n’a pas de passé commun avec eux, comme c’est le cas entre les pays arabes, qui puisse fixer des horizons politiques pour l’avenir. Nous sommes fiers de notre africanité que nous partageons tous (négro-africains, arabes, berbères et autres). Ce pays décrit comme regorgeant de monuments archéologiques et ce peuple sage, qui lit le livre de l’univers pour en faire une culture orale, se passent des cahiers et des plumes si bien qu’on dit qu’un vieillard qui meurt en Afrique est une bibliothèque qui brûle. Cette fierté est celle dont nous nous réjouissons car elle nous rassemble tous, en tant que mauritaniens et africains.
En réalité, il n’y a pas d’axe commercial qui nous lie aux arabes. Tous nos échanges se font avec les africains et les européens. Ce que nous attendons des arabes ou que eux attendent de nous, n’est rien de plus que des formules diplomatiquement marquées par le sentiment et la folie d’un attachement aux guerres ancestrales. Et bien des fois, ils se sont désolidarisés de nous. Ce qui a retardé notre adhésion à la ligue arabe de 13 ans après l’indépendance. Chinguitti dont vous-vous vantez et que vous considérez comme la plus grande preuve de votre prétendue arabité, n’est rien de plus qu’un mot qui traduit les dimensions profondes de la Mauritanie. C’est une expression de l’azer qui est un mélange entre le soninké et l’amazigh. Où se trouve l’arabité dans tout ça ?