Un risque de génocide plane sur la Centrafrique. Par deux fois, un cadre des Nations unies, le secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires, Stephen O’Brien, a lancé cette alerte au mois d’août : il a en effet évoqué des « signes avant-coureurs » montrant que le pire pourrait être commis dans ce pays.
Déjà, fin 2013, Laurent Fabius, alors ministre des affaires étrangères, avait parlé d’une nation « au bord du génocide », sans indiquer quelle communauté était en danger d’extermination. Dans le contexte du déclenchement de « Sangaris », il s’agissait alors pour Paris d’obtenir des appuis internationaux et de justifier auprès de son opinion la septième opération militaire française en Centrafrique. Douze mille casques bleus déployés Cette fois, les déclarations du diplomate britannique peuvent au mieux ramener un peu d’attention sur ce pays, susciter des sanctions de l’ONU sur un chef de guerre, générer de nouvelles menaces de poursuites.
Douze mille casques bleus sont désormais déployés en République centrafricaine (RCA) et s’ils sont souvent incapables de protéger les populations, aggravant ainsi l’hostilité à l’égard de la Mission des Nations unies (Minusca) – neuf de ses soldats ont été tués au premier semestre –, rien n’indique que leurs capacités de dissuasion seront sérieusement renforcées lors du renouvellement de leur mandat en novembre. Les tueries n’ont pourtant pas cessé.
Au 5 août, le projet Armed Conflict Location & Event Data (Acled) avait comptabilisé 1 145 victimes depuis le début de l’année, un bilan très sûrement sous-estimé tant de nombreuses parties du territoire demeurent hors de tout radar. Un engrenage génocidaire est-il enclenché ? En première ligne pour empêcher que son diocèse poursuive sa plongée dans l’horreur, Mgr Juan José Aguirre Munos, l’évêque de Bangassou, dans le sud-est du pays, peut témoigner de « la gratuité terrible...