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L'essentiel


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L’offense du chef de l’Etat au Peuple

TRIBUNE LIBRE
Samedi 12 Août 2017

L’offense du chef de l’Etat au Peuple
En déclarant que les élections législatives du 30 juillet 2017 se sont bien déroulées, le chef de l’Etat offense profondément les centaines de milliers de citoyens qui ont vu leur droit constitutionnel à voter dénié par des carences indignes, de même que toutes les listes qui concourraient aux suffrages. 

A ce jour, six recours ont été formellement déposés auprès du Conseil constitutionnel pour décrier différentes entorses à la Constitution et à la Loi électorale, dont un par sa propre liste pour « non sincérité du scrutin et trahison de la volonté de l’électeur » dans le département de Mbacké dont elle demande l’annulation et l’organisation d’un nouveau vote car il y a eu, entre autres, saccage de bureaux de vote à Touba.

La coalition gagnante Wattu Senegaal demande l’annulation des suffrages de la coalition Benno bokk yaakaar en Europe de l’Ouest car une dame Dieynaba Sène y a été investie par le camp présidentiel alors qu’elle ne figure point sur le fichier électoral ; la coalition Convergence patriotique Kaddu askan wi de Abdoulaye Baldé exige l’annulation des élections dans tout le département Afrique de l’Ouest et sa reprise en Côte d’Ivoire suite à d’innombrables irrégularités dûment documentées ; la coalition And suxali Senegaal veut l’annulation et la reprise du vote à Mbacké ; et, enfin, un double recours de la coalition de Khalifa Sall qui requiert, ni plus ni moins, l’annulation pure et simple de toutes ces élections législatives en montrant qu’il y a même non-conformité de fichiers électoraux, de nombre de votants, d’état-civil, de procès-verbaux, etc.

Le chef de l’Etat nous offense en parlant de «couacs!». En langage électoral sérieux, ces «couacs» se nomment manquements, violations et irrégularités qui entachent la sincérité, la transparence et la crédibilité des élections. Le chef de l’Etat nous offense en félicitant le ministre de l’Intérieur, ultime responsable de ce fiasco électoral, incapable de fournir à tous les citoyens leurs cartes d’électeur surfacturées après neuf mois et 52 milliards FCFA.

Le chef de l’Etat nous a offensés en déclarant un patrimoine de plusieurs milliards FCFA; le chef de l’Etat nous a offensés en ne faisant plus mention du programme «Yoonu yokkute» qu’il nous avait vendu pour se faire élire ; le chef de l’Etat nous a offensés en reniant sa promesse de faire un mandat de cinq ans ; le chef de l’Etat nous a offensés en mettant sa famille au cœur de la gestion de notre Etat et de nos ressources ; le chef de l’Etat nous a offensés en épousant l’insupportable transhumance ; le chef de l’Etat nous a offensés en promettant plus de trois mille milliards FCFA, jamais honorés, lors de ses conseils des ministres délocalisés ; le chef de l’Etat nous a offensés en mettant ce pays en campagne électorale permanente avec un gouvernement composé à 95% de politiciens professionnels et d’innombrables directeurs de structures étatiques militants de son parti ; le chef de l’Etat nous a offensés en ne procédant pas aux ruptures attendues sur le système et les hommes ce qui laisse intact le même système légué par les colonisateurs remplacés par d’autres de chez nous plus prédateurs encore, ce qui fait du progrès et du développement un mirage éternel pour la majorité des Sénégalais qui reçoivent en lieu et place de vains slogans creux, simples tranquillisants, calmants, hypnotiques et somnifères.

Il offense la Constitution en contrôlant l’Assemblée nationale et en nommant les magistrats alors que notre charte fondamentale consacre en son préambule «la séparation et l’équilibre des pouvoirs».

Tous ceux qui sont coupables d’offense au chef de l’Etat sont sous le coup de l’article 80 du Code pénal, héritage de l’Ancien Régime français, et vont en prison. Et les offenses dont le chef de l’Etat est coupable ? La Constitution copiée-collée de la France l’absout totalement pour tout ce qu’il aura fait durant sa présidence. Que pouvons-nous faire alors ? Rien ? Oh, que si : nañu ko bayyì ak Yalla.

Mamadou Sy Tounkara
  Jeune Afrique

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