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L'essentiel


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L'AG du PS à Paris finit en queue de poisson

POLITIQUE
Lundi 10 Avril 2017

L'assemblée générale de la coordination du Parti socialiste sénégalais en France, tenue samedi à Paris, a tenu toutes ses promesses...de discorde, de cacophonie, et même de flou artistique. Comme pressenti, les protagonistes se sont farouchement opposés sur l'interprétation et la validation d'une circulaire du Secrétaire général national, Ousmane Tanor Dieng, qui consacre la mise en place d'une «direction collégiale provisoire souple» de cinq personnes nommément citées. Et comme pressenti, ils se sont quittés en ordres complètement dispersés, dans une confusion générale et une ambiance très électrique.


La tension entre les deux clans antagoniques
La tension entre les deux clans antagoniques
L'assemblée s'est en effet terminée en queue de poisson, sans véritablement qu'il n'y ait une conclusion officielle. Résultat : chaque camp est rentré, avec sa propre conclusion en bandoulière, celle qui l'arrange. Les cinq heureux élus d'Ousmane Tanor Dieng ont pris acte du désaccord de leurs camarades qui contestent la circulaire de Dakar, mais martèlent que, d'ores et déjà, la vie du Ps en France est structurée autour d'eux. Que, donc la circulaire est validée. Même si certains d'entre eux semblent moins catégoriques.

En face, on soutient mordicus qu'il n'y a rien qui est encore acté au sortir de cette AG, et exige de «mettre la circulaire de Tanor à la poubelle» et d'en faire mention dans le rapport qui sera envoyé à Dakar.
 
Samedi, après la lecture de la circulaire de Tanor par le coordonnateur sortant et président de séance, Abdoulaye Sène, place aux débats. Trente ou trente et une personnes ont pris la parole. Il ressort qu'une écrasante majorité des intervenants s'est montrée très hostile à la circulaire, la rejetant en bloc.

«Nous ne sommes pas des moutons de Panurge. Cette circulaire n'émane pas de l'organe décisionnaire du parti qui est le comité central, ne nous voilons pas la face», assène Biram Camara, ancien Secrétaire général de la coordination. Qui suggère un «bureau consensuel» coordonnée par Abdoulaye Sène, le coordonnateur sortant, qui figure également dans le club des cinq installé par Dakar.

 «C'est une honte pour le Ps. On pensait aujourd'hui rassembler tous les camps, tous les socialistes de France et tirer ce parti vers le haut. Mais à ma surprise, j'ai vu rejaillir des mésententes datant d'une décennie», juge Mody Gaye Ba, interpellé à la sortie par Afrique Conection. «En quoi viennent-ils se fourrer le nez dans notre organisation et fonctionnement ?», s'interroge celui qui est venu expressément d'Avignon pour la circonstance.

Un peu plus tôt, Malick Youm, l'ancien président de Vision Socialiste, après avoir rappelé au micro qu'il était considéré comme le «Tanoriste numéro 1», s'étonnera «qu'on vienne subitement en 2017 nous imposer un bureau» alors que « depuis 2006 cette structure est bloquée». «C'est du grand n'importe quoi, et nous ne devons pas le laisser passer», tranche-t-il.

«Tanor ne se serait-il pas fait tirer les bretelles par Macky suite à l'accueil rocambolesque que nous pro Khalifa et Mankoo lui avait réservé ? L'enjeu serait il électoral ?», s'est pour sa part interrogée Awa Diop, face à Afrique Connection, après son intervention dans la salle.

«Tanor a assez bazardé le parti en poussant certains vers la démission, les plus récalcitrants sont emmagasinés dans des prisons, garde à sa portée les personnes sans scrupules prêts à vendre leur dignité», insiste t-elle.

En face, la direction collégiale adoubée par Dakar y va aussi de ses arguments pour justifier cette la formule brocardée par leurs «opposants».
Qu'est-ce qui a été retenu ? À cette question posée par Afrique Connection aux différents protagonistes, Mingué Ndiaye, secrétaire générale d'Agora des socialistes de France, s'y colle sans verser dans la langue de bois. «Pour l'instant, rien malheureusement. Et je le déplore. Rien n'a été retenu parce qu'il y a une partie qui n'est pas d'accord par rapport à cette circulaire, et il y a une autre partie qui la soutient. Maintenant, on va essayer de voir après parce qu'aujourd'hui la réunion s'est terminée en cacophonie. On va voir, on va essayer de se réunir. Mais quoi qu'il en soit il y a quelque chose qui doit sortir, car on ne peut plus continuer comme ça», explique-t-elle.

Qui, même si elle admet qu’«il y a une bonne partie qui effectivement ne veulent pas de ce bureau-là», pense qu'elle et ses camarades du bureau vont prendre leurs «responsabilités. La discussion c'est pour avancer. Mais si on voit qu'on ne peut plus discuter, qu'on ne peut pas avancer, on ne va pas rester dans ce blocage, ça c'est sûr.»

Le coordonnateur sortant, Abdoulaye Sène, semble aussi donner la priorité au consensus. «J'ai fait une synthèse en ma qualité de président séance. J'ai proposé de faire un compte rendu au parti et dire ce qu'il en a résulté. Et pour montrer qu'au Ps on est des démocrates, j'ai proposé deux camarades opposés à la circulaire pour qu'ils viennent écrire avec nous la correspondance qu'on va envoyer à Dakar», explique Abdoulaye Sène.

Mais, prévient-il, «cette circulaire ne peut pas être mise à la corbeille. Il n'en ai pas question. On est en démocratie, chacun a le droit de donner son point de vue. Mais ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas d'accord que la circulaire va être mise dans la corbeille.»

Malick Liko Faye est plus direct. «Le Secrétaire général a choisit des gens qui dirigent des structures. Maintenant il y en a qui ne sont pas d'accord. Tant pis ! On mettra en place le bureau. Ce sera dans les jours à venir. Aujourd'hui on était juste venu pour donner les informations. On ira jusqu'au bout. Le compte rendu sera fait comme d'habitude. Mais il n'a aucun effet sur l'installation du bureau, on ira jusqu'au bout.»

Désigné par Ousmane Tanor Dieng pour piloter la direction collégiale, Abdourahmane Diallo, qui revient ainsi aux commandes 17 après, est le plus catégorique de tous. Il a déjà endossé ses habits de patron. «Ce qui a été retenu c'est le maintien de la circulaire», martèle-t-il avec autorité. «Ceux qui sont venus pour saboter la réunion, ils en ont pour leur grade.

Ils ont amené des gens qui ne sont pas des militants. Quand on prend la liste des présents, nous sommes largement majoritaires. Si dans les interventions les opposants à la circulaire sont majoritaires, c'est parce qu'on a laissé les gens parler comme ils veulent. Mais nous savons ce sont des gens qui ne font pas partie du parti.»

Abdourahmane Diallo de trancher en s'autoproclamant : «Ce n'est parce qu'il y a 26 intervenants qui sont contre qu'il y a une majorité qui s'est dégagée. Parce que quoi qu'il en soit la circulaire est légale, elle s'impose à tout le monde. Quand on est membre d'un parti, on respecte les statuts, le règlement intérieur et la charte du militant. Donc ceux qui disent qu'ils ne sont pas d'accord, ça c'est leur problème. Et à partir de maintenant, je suis le Secrétaire général de cette coordination (…) Il n'y aura pas de lettre à envoyer à Dakar. Je l'ai dit à Abdoulaye Sène.»

Source : Afrique Connection

Voici une vidéo sur la fin en queue de poisson de l'AG très tendue des socialistes sénégalais de France.
 


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