En déclarant qu’ »Il faut que nous nous préparions à une bataille rude. A nous d’imposer la candidature de Karim Wade’’, Oumar Sarr, le coordonnateur adjoint du parti a fait par-là, un aveu de taille: La candidature de Karim Wade en 2019 est incertaine.
Car, on n’a pas besoin d’imposer quelque chose qui est juridiquement et politiquement acquise.
La réalité est que tant que le Pds se limitait à dire que ‘’Karim sera bientôt de retour’’ ou que ‘’Karim sera candidat’’, personne n’avait trouvé à en redire. Mais cette nouvelle forme de communication adoptée même s’il s’agit de galvaniser les troupes, trahi une faiblesse, c’est de dire que le parti d’Abdoulaye Wade craint justement que la candidature de Karim ne soit pas acceptée.
Oumar Sarr est en effet en train de donner raison à ceux qui soutiennent que ‘’Karim ne pourra pas être candidat en 2019’’. Et Dieu sait qu’ils ne sont pas seulement hommes politiques. Des juristes aussi soutiennent cette thèse. Toutefois, c’est au niveau de ses adversaires que la thèse de non-candidature du fils de Wade est la plus défendue. Ainsi, Mohamed Samb Secrétaire général du ‘’Cadre de concertation libérale’’, un proche de Macky soutient que le retour de Karim se fera en 2021 et qu’il ne pourra pas dès lors être candidat. Comme preuve à cette allégation, il dit avoir vu le fameux ‘’protocole’’ qui fixe ainsi les conditions de son retour.
Le fait pour le coordonnateur adjoint de dire que ‘’la bataille sera rude’’ pour l’admission de cette candidature montre à quel point le Pds s’attend au pire.
En effet, le fils de Wade est confronté à deux obstacles de taille: Le retour au Sénégal, donc la fin du supposé exil au Qatar et la recevabilité au niveau du Conseil constitutionnel de sa candidature.
On semble confondre ses deux obstacles qui ne sont pas les mêmes.
Sur la recevabilité de sa candidature, les juristes sont divisés comme dans de pareils cas. Certes l’ancien Ministre de la Justice Sidiki Kaba avait dit qu’il conservait tous ses droits civiques et civils, mais le Professeur Iba Barry Camara de l’Ucad invoque l’article L31 du code électoral pour dire que Karim ne saurait être candidat. Voici son argumentaire : ‘’lorsque l’on se réfère à l’article L31 alinéa 2 : ceux qui sont condamnés à une peine d’emprisonnement sans sursis ou à une peine d’emprisonnement avec sursis d’une durée supérieure à un mois, assortie ou non, d’une amende pour l’un des délits suivants: vol, escroquerie, abus de confiance, trafic de stupéfiant, détournement et soustraction commise par les agents publics, corruption et trafic d’influence, contrefaçon ou l’un des délits passibles de 5 ans d’emprisonnement ne sont pas éligible’’.
Toutefois, la bataille juridique semble prématurée au regard du fait que l’homme a été gracié apparemment sous condition, en violation de la loi. Comme le confirme Mohamed Samb, il y a eu des conditions à sa libération avec un protocole dont le Qatar est garant de la bonne exécution.
Donc, il peut certes être candidat absent, mais ce n’est pas ce que cherchent ses partisans. Ils veulent d’un Karim capable de battre campagne au nom du plus grand parti de l’opposition.
Mais pour cela, il faudrait bien qu’il rentre au bercail. Et cet obstacle du retour n’est pas encore surmonté et dans les discours des caciques du parti, personne n’annonce de stratégie dans ce sens.
En tout état de cause, nous savons tous que le retour se prépare. Et que même selon certaines sources, Wade n’exclurait pas un coup de force.
Disons donc que pour être candidat, non seulement les libéraux doivent surmonter les termes du protocole de Doha mais aussi la recevabilité de celle-ci au niveau du Conseil constitutionnel. Ce qui donne raison à Oumar Sarr qui pense que ‘’la bataille sera rude’’.
Assane SAMB