Hamidou Dia, infatué de son statut de conseiller de sa Majesté et imbu de son pseudo-savoir funeste, fait partie de cette race d’imposteurs intellectuels enivrés par les voluptés du pouvoir. Je trouve que c'est gravissime pour quelqu’un considéré toujours comme une référence du gratin intellectuel sénégalais de pondre un texte où il revendique son appartenance à un groupe dans un pays où les pères fondateurs (politiques comme religieux) de la Nation ont transcendé les clivages ethniques, religieuses, vaincu les particularismes et inoculé en nous le sentiment du vivre-ensemble.
Son contorsionnisme interlope le transbahute de régime en régime. Et pour assurer sa subsistance voire son existence auprès du Prince, l’intellectuel déchu n’hésite pas à exhumer les vieilles lunes de l’ethnicisme qui n'ont jamais prospéré chez nous Badiaranké, Baïnouk, Balante, Bambara, Bandial, Bassari, Bayot, Bédik, Coniaguis, Diakhankés Diola, Jalonké, Karone, Khassonké, Laobé, Lébou, Libanais, Malinké, Mancagne, Mandingue, Manjaque, Maures, Peul, Sérère, Soninké, Toucouleur, Wolof.
Dia ne peut pas flétrir le wolofo-centrisme et promouvoir concomitamment le pularo-centrisme avec le concept ethniste du "neddo ko bandum". Au Sénégal, nous n'avons pas de cartes d'identité ethnique mais nationale. Mais quand la politique du ventre domine l’intellect, le discours ethniste devient une rhétorique bon marché, construite sur des poncifs scissionnistes et des considérations pseudo-idéologiques.
Depuis qu’il s’est accointé avec les pouvoirs, Dia est devenu le symbole de la constance dans l’inconsistance des idées, d’un dogmatisme paralysant et des prises de position obséquieuses.
Mais mettons cette sortie malheureuse de Dia sur le compte des lubies d’un barde vieillissant et de l’imbécillité d’un caudataire dont le seul moyen de subsistance voire d’existence auprès du Prince est de jouer avec le feu de l’ethnicisme.
Serigne Saliou Guèye