![[Décryptage] Sénégal : l’émergence en question [Décryptage] Sénégal : l’émergence en question](https://www.lessentiel.sn/photo/art/default/25713362-26850486.jpg?v=1537526342)
Le Sénégal a une bonne cote internationale. L’alternance politique pacifique semble y être solidement installée. La sécurité y est réelle. Surtout, il « a fait des progrès considérables pour consolider ses équilibres macroéconomiques au cours des dernières décennies », comme le disait Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), le 14 septembre devant le Center for Global Developpement à Washington, à l’occasion de la publication du rapport « Race to the next income frontier : how Senegal and the other low-income countries can reach the finish line » (La course à la nouvelle frontière des revenus : comment le Sénégal et d’autres pays à bas revenus peuvent atteindre la ligne d’arrivée).
Croissance du revenu par habitant de 0,6 % par an entre 1987 et 2015
Certes, au cours des trois dernières années, la croissance sénégalaise adépassé chaque année les 6%. Malheureusement, le compte n’y est pas. Il lui faudrait progresser autour de 7 à 8 % par an pour créer les emplois nécessaires à la marée de jeunes qui s’annonce, puisque 45 % de sa population a moins de 14 ans. Avec une croissance du revenu par habitant de 0,6 % par an entre 1987 et 2015, il fait moins bien que les pays subsahariens comparables.
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Faiblesses de l’économie sénégalaise
Au fil des 400 pages du rapport, les auteurs pointent les faiblesses de l’économie sénégalaise. Sa croissance dépend trop des investissements publics et des envois d’argent des émigrés. Les dépenses publiques ne sont pas assez efficaces et très insuffisantes en matière de santé. Si le Sénégal a mené à bien onze réformes, depuis la gouvernance jusqu’à la protection sociale, son climat des affaires demeure trop médiocre pour pouvoir diversifier son économie dans le tourisme, la pêche ou l’horticulture.
Il n’a pas de politique industrielle qui permettrait de valoriser sa production agricole et de se positionner dans les télécoms. S’il continue à emprunter au rythme actuel, son taux d’endettement, qui atteint 59,3 de son produit intérieur brut (PIB), dépassera les 107 en 2020. Un pic qui inquiétera les marchés et les investisseurs.
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Choisir les projets d’investissement les plus rentables
On soulignera deux propositions et un silence. La première proposition est que le Sénégal devrait prendre exemple sur Maurice pour choisir les projets d’investissement les plus pertinents et les plus rentables parmi les 27 retenus par le « Plan Sénégal émergent ».
Le second conseil est de résister aux tentations que la découverte d’hydrocarbures au large de ses cotes ne manquera pas de faire germer dans les têtes.
Quant au silence, c’est celui qui entoure la croissance démographique annuelle de 3 %, une entrave à l’amélioration du niveau de vie des Sénégalais. Le rapport n’évoque que de façon subliminale une transition démographique qui a favorisé le décollage rapide des économies asiatiques. Il est vrai que le contrôle des naissances est un sujet politiquement incorrect dans de nombreux pays subsahariens.
*Race to next income frontier : how Senegal and other ow-income countries can reach the finish line, sous la direction de Ali Mansoor, Salifou Issoufou et Daouda Sembene. ISBN 9781484303139.
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