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Crise diplomatique : Rien ne va plus entre Nouakchott et Banjul !

INTERNATIONAL
Vendredi 3 Mars 2017

Barrow et Aziz : le clash ?
Barrow et Aziz : le clash ?
Représailles... ! L’ambassadeur de Mauritanie à Banjul a été muté à Washington. La décision est tombée samedi, exactement deux jours après le retour du président Ould Abdel Aziz de Gambie où il était convié aux festivités marquant l’anniversaire de ce pays.

Reçu avec froideur, le président n’aurait pas apprécié… La crise entre Nouakchott et Banjul semble être dorénavant ouverte. Le président Ould Abdel Aziz n’a pas tardé à exprimer sa colère après le traitement -froid- que lui ont réservé les Autorités gambiennes qui l’avaient convié, samedi dernier, à la célébration en grandes pompes de l’accession de leur indépendance.

Alors qu’il s’attendait à un traitement de faveur pour le rôle qu’il a joué en décantant la crise post-électorale gambienne, Ould Abdel Aziz se verra réservé un traitement des plus «timides». D’abord à l’aéroport où il avait été accueilli, à son arrivée, par la vice-présidente de Gambie, alors que la veille, son homologue du Sénégal était reçu par le président Barrow en personne.

Ensuite à la tribune officielle où il n’eût que de brefs propos d’amabilités avec ce dernier qui n’a cessé d’échanger avec Macky Sall, son invité d’honneur. Ayant aidé au départ du président Jammeh «sans que la moindre goutte de sang n’ait coulé» (refrain de la presse publique mauritanienne), Ould Abdel Aziz - qui considérait avoir autant fait sinon mieux agi que son voisin du Sénégal qui lui, avait opté pour la solution militaire - devait rapidement se rendre compte que ses hôtes avaient une autre appréciation de la situation.

Le nouveau régime de Banjul considérait qu’il devait tout à Dakar. C’est en effet la diplomatie sénégalaise qui a d’emblée fait du départ de Jammeh battu aux suffrages, «son affaire personnelle», saisissant à propos, les Nations Unies et la Cedeao puis entraînant les troupes militaires de celle-ci vers le Palais présidentiel pour en bouter Jammeh.

C’est aussi Dakar qui a abrité la cérémonie de prestation de serment du nouveau président et qui lui offert par la suite, résidence et protection. En fait, si la presse publique à Nouakchott a longtemps tonné saluant l’intervention du président Ould Abdel Aziz dans cette crise, ailleurs, le ton est autre…

Pour les nouvelles Autorités gambiennes comme pour la presse de ce pays, cette intervention s’expliquerait par les relations particulièrement cordiales qu’entretiennent le président mauritanien et l’ex-président de la Gambien. Pour l’opinion gambienne, il s’agissait d’une action d’exfiltration, donc, d’un «acte de sauvetage qu’un ami apporte à un ami».

Des appréciations légitimes au vu de l’attitude de Nouakchott dans la crise en Gambie : on se rappelle que la Mauritanie a d’abord pris du temps pour reconnaitre les résultats des suffrages présidentiels consacrant la défaite de Jammeh. Plus tard, par la voix de son ministre porte-parole, le gouvernement mauritanien s’engagera à donner son avis sur la question (alors qu’il s’y était prononcé).

C’était après que le président sortant se soit rétracté, exigeant de nouvelles élections. In fine, alors que les armées de la Cedeao s’apprêtaient à lancer l’assaut en direction du Palais présidentiel occupé par Jammeh, Ould Abdel Aziz intervint, obtint un nouvel ultimatum et s’engagea aux côtés de son homologue de Guinée dans de nouvelles discutions. Nombreux sont les Gambiens qui considèrent que le temps avait été ainsi donné au président sortant, de vider les caisses de son pays avant de s’envoler pour un asile à l’étranger.

Manifestement très mal à l’aise lors des cérémonials de Banjul, Ould Abdel Aziz fera vite de revenir le même jour à Nouakchott, ramenant avec lui, son ambassadeur Ba Ousmane qu’il nommera deux jours plus tard, à la fonction d’ambassadeur à Washington. Pour nombre d’observateurs, il s’agit de représailles.

Nouakchott ne veut plus de la Gambie. Ayant vu son influence dans ce pays fondre comme neige au soleil, elle semble avoir entamé son « retrait », même au prix des énormes intérêts économiques de citoyens mauritaniens dans ce pays. L’ancien ambassadeur n’a pas été remplacé. Et tout porte à croire que le fauteuil risque de connaître le même sort que celui de Rabat, vacant pendant près de cinq ans du fait d’une crise diplomatique entre la Mauritanie et le Maroc.

Conséquence collatérale de la crise gambienne, les relations entre Nouakchott et Dakar ne sont pas au meilleur de leur forme. Ould Abdel Aziz n’a pas digéré d’avoir été doublé en Gambie par le président sénégalais, qui, à l’occasion, lui inflige une belle revanche… Dakar ne considérait-il pas Nouakchott comme le plus grand soutien de Jammeh, alors considéré comme le protecteur des rebelles de Casamance ? C’est dans ce contexte qu’il faut inscrire les récents incidents de pêcheurs sénégalais survenus dans les eaux maritimes mauritaniennes.

C’est aussi dans ce cas qu’il faut placer la décision prise par les deux pays de rapatrier au Sénégal, les pêcheurs sénégalais dont certains ont fait plus de cinquante ans en Mauritanie.
 

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