Le Coronavirus ressemble aujourd’hui à un agresseur qui revient souvent sur le lieu du crime pour attaquer et faire encore de nouvelles victimes. On signale dans des pays fortement touchés des rechutes. Dans ces pays, situés notamment en Asie, l’on a pensé tourner la page Covid-19. Pendant ce temps, certains pays européens, confinés depuis des semaines, réfléchissent sur des plans de dé-confinement partiel.
Hélas ! Dans des pays africains comme le Sénégal où le virus n’a pas encore dit son mot, on assiste à un non-respect des mesures barrières et préventives. Ce qui fait que le Covid-19 circule librement et frappe à la porte de qui il veut attaquer. Qu’il s’agisse de personne âgées, de jeunes gens, d’enfants, d’agents de santé, d’hommes politiques, d’artistes… Autrement dit, les profils des personnes atteintes sont différents. Le virus sévit dans notre pays depuis bientôt deux mois ! Parti d’un seul cas enregistré le 02 mars dernier — encore que c’était un cas importé —, le coronavirus a fait à ce jour plus de 800 cas de personnes contaminées avec une implosion des cas communautaires et des cas contacts. Ce qui place le Sénégal au stade « fin 2 à début 3 » de la courbe épidémique.
Une « courbe ascendante », comme l’a dit avant-hier le directeur du Centre des opérations et des urgences sanitaires (cous) au ministère de la Santé et de l’action sociale, Dr Abdoulaye Bousso. Cette montée, selon l’urgentiste Dr Signaté, appelle aujourd’hui à freiner la propagation du virus et atténuer les effets de la pandémie. Malheureusement, on n’a pas pu freiner l’introduction du virus dans notre pays à temps. A ce stade crucial de la gestion de la pandémie, l’Etat semble débordé par la situation. Les populations paniquées luttent pour survivre face au covid-19 qui dicte toujours sa loi. Sa progression devient inquiétante chez les Sénégalais dont la plupart portent le masque n’importe comment.
Chez certains compatriotes, on néglige pourtant le port de cet outil de protection qu’on enlève parfois avant de le remettre sur le visage sans même prendre la peine de le laver. D’autres refusent carrément de porter le masque ou de respecter la distanciation sociale d’au moins un mètre. Des comportements décriés par tout le monde car encourageant la transmission et la propagation du covid-19. Face à cette situation, Dr Boubacar Signaté de SOS Médecins demande de faire un stop, c’est-à-dire de s’arrêter un moment, de faire un petit état des lieux avant de repartir sur de nouvelles bases pendant qu’il est encore temps. « Nous avons encore le temps de réagir » assure l’urgentiste selon qui « il n’y a pas et il n’y aura pas d’exception sénégalaise ».
« Nous ne sommes pas plus forts, pas plus intelligents, pas plus équipés, pas plus religieux, pas plus malins, pas plus futés, et donc pas mieux protégés que les autres . Certes, pour la majorité des gens, l’infection par le Coronavirus n’aura pas de conséquences majeures. Mais pour une petite fraction des personnes contaminées, ce sera une question de vie ou de mort. Si les chiffres de l’épidémie continuent d’augmenter, le petit pourcentage de malades qui auront un besoin vital d’assistance médicale pourrait bien saturer nos services de réanimation », avertit le médecin urgentiste.
A l’en croire, on est non seulement et jusque-là inconscients du danger qui nous guette, mais encore on est encore plus laxistes et plus arrogants vis-à-vis de ce virus qui continue pourtant son bonhomme de chemin dans notre pays. Dr Signaté se veut clair, « ça se passera chez nous exactement comme cela s’est passé chez les autres». Ah bon ? « Ah oui ! Sauf si nous utilisons le temps d’avance dont nous avons bénéficié en voyant les choses arriver. Sauf si nous redevenons réalistes et raisonnables dans la gestion de cette pandémie aussi bien du côté des autorités sanitaires et étatiques qui doivent maintenant sortir de leur bulle, que du côté de la population générale qui pense être protégée par je ne sais quel mécanisme.», insiste encore le médecin lancer d’alertes. Il demande de « partir sur de nouvelles bases » ou alors d’« arrêter tout, et laisser la sélection naturelle se faire ». Pour ne pas dire « louniou am dieul », dit-il.
A ce stade de la maladie, un médecin sous l’anonymat propose de centrer la stratégie sur la protection des sujets âgés et des personnes à risque ainsi que du personnel médical. Ce serait plus appréciable, dit-il, même si on serait à plus de 2000 cas avec un nombre insignifiant de cas graves et zéro décès dans les prochains jours. il suggère de tester les personnes vulnérables à traiter dès le début pour éviter la survenue de complications.
Le Témoin