«Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké : le khalife général de la renaissance spirituelle»...Projeté dans la soirée d’hier, lundi 23 octobre, au Théâtre National Daniel Sorano, le film du réalisateur Cheikh Adramé Diop dresse le portrait d’un guide engagé : pour l’unité de la Umma islamique, à laquelle il avait d’ailleurs consacré sa toute première déclaration de khalife, et pour la cohésion sociale, lui qui n’avait pas hésité à appeler, en 2011, au «respect de la Constitution». On y découvre aussi le visage d’un khalife très attaché à «préserver la famille de Bamba», et très proche de Keur Nganda, son «lieu de retraite spirituelle». Il faut préciser que le film de Cheikh Adramé Diop s’inspire de l’ouvrage du porte-parole permanent du khalife, Serigne Cheikh Thioro Bassirou Mbacké, dont il reprend l’intitulé, quasiment mot pour mot. Juillet 2010…La toute «première déclaration» du tout nouveau khalife général des Mourides, Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, a le don de marquer les esprits. Un discours pour «l’unité des musulmans», appelés à «parler le même langage», et à se retrouver «autour de l’essentiel» : «la direction de la Kaaba», le Prophète, les 5 prières quotidiennes. Il n’hésitera d’ailleurs pas à en faire un sacerdoce : «Je continuerai ainsi jusqu’à obtenir les besoins escomptés». C’est ce discours que l’on retrouve justement (les khassaïdes en sourdine) au cœur de ce docu-portrait que le journaliste-réalisateur Cheikh Adramé Diop vient de consacrer au 7ème khalife général des Mourides, «Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké : le khalife général de la renaissance spirituelle». Un film de près d’une heure, projeté dans la soirée d’hier, lundi 23 octobre, au Théâtre National Daniel Sorano, et qui emprunte, quasiment mot pour mot, l’intitulé de l’ouvrage rédigé par le porte-parole permanent du khalife, Serigne Cheikh Thioro Bassirou Mbacké. On y entend, juste à côté, la lecture de quelqu’un comme Dr Bakary Sambe (enseignant-chercheur au Centre d’études des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis) qui le décortique à sa façon, et qui fait remarquer que ce n’est absolument pas banal que ce discours-là soit venu d’un «guide aussi important et percutant» que Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. Sans parler du timing, pas banal lui non plus, dans la mesure où la Umma, la communauté islamique, à ce moment-là, «avait senti le besoin d’unité». Le film de Cheikh Adramé Diop donne justement la parole aux représentants des différentes familles religieuses du Sénégal : Abdoul Aziz Sy Al Amin (décédé récemment), «qui a contribué au raffermissent des relations» entre Tivaouane et Touba, le khalife de Thiénaba, Cheikh Ahmed Tidiane Seck, et Thierno Madani Tall de la famille omarienne, pas «surpris» dira-t-il, par cet «appel à l’unité», ne serait-ce que parce que Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké est «le digne héritier de Bamba». Et peut-être aussi, ajoute Bakary Sambe, parce que l’actuel khalife général des Mourides a sa «méthode» bien à lui, qui rappellerait celle du Prophète lui-même : «Il va à l’essentiel, avec douceur et fermeté». Pour le sociologue Djiby Diakhaté, qui intervient aussi dans ce film, Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké a aussi une très «fine lecture de la géopolitique mondiale» ; lorsqu’il dit par exemple que pour «sauver l’islam», il faut «mettre l’accent sur l’unité des musulmans ». Cheikh Adramé Diop s’intéresse aussi aux relations entre Touba et l’Eglise, à travers l’Abbé Jacques Seck, l’un des visages sinon le symbole de ce «dialogue islamo-chrétien» dans notre pays. On entend aussi Alioune Tine expliquer, à sa façon, que la «cohésion au Sénégal» doit beaucoup à Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. L’ancien coordonnateur du M23 rappelle à ce sujet que, lors des événements du 23 juin 2011, le khalife n’avait pas hésité à appeler au respect de la Constitution. Sans oublier que Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké avait accepté de recevoir le M23, malgré «la pression du pouvoir», pas favorable à cette audience. Né le 11 juillet 1924 à Mbacké Kadior, le khalife général des Mourides, est le fils de Sokhna Maty Lèye et de Serigne Bara. Initié au coran à «trois ou quatre ans», il reste très attaché à Keur Nganda, son «lieu de retraite spirituelle», comme il reste très attaché à la terre et à l’agriculture. «A sa façon, il a tracé sa voie, en préservant les acquis et la famille de Cheikh Ahmadou Bamba.»