D’ailleurs, la présente législature est considérée comme l’une des moins qualifiés de l’histoire parlementaire du pays. N’empêche, dans «lumières» ont réussi à émerger. Et elles ont fini de marquer de leur empreinte cette 12ème législature. Parmi ces députés, on peut citer Hélène Tine (Bës du Niakk), Thierno Bocoum (Rewmi), Cheikh Oumar Sy (Bës du Niakk), Mamadou Lamine Diallo (Tekki)…
Véritable icône de l’Assemblée nationale, Hélène Tine est l’un des députés les plus en vue de l’actuelle législature. Elle s’est distinguée par ses prises de positions courageuses et son opiniâtreté dans plusieurs dossiers (exploitation du zircon à Thiès). L’ancienne porte-parole de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp), très active lors des travaux en Commission, n’hésite pas à relayer ses préoccupations lors des séances plénières. Sa position sur les listes des candidats aux élections du 30 juillet prochain laisse présager qu’elle risque de ne plus revenir à l’hémicycle de la Place Soweto.
Hélène Tine est reléguée à la 20e place. Autant dire une place inéligible. Thierno Bocoum a aussi marqué de son empreinte cette mandature. Le député rewmiste très pugnace a fait passer «à la moulinette» ses adversaires de la majorité parlementaire. Déterminé, il a été la bête noire pour les députés de la majorité lors des séances plénières. Son éloquence et sa simplicité a donné des sueurs froides à plus d’un ministre venu défendre son bilan devant les députés. Toutes ces qualités risquent de manquer également à la prochaine Assemblée Nationale.
En effet, le nom du responsable rewmiste ne figurait pas sur la liste des candidats de la coalition Manko Taxawu Senegaal. Aux dernières nouvelles, la liste a été tripatouillée pour l’inscrire à la 19ème position sur la liste nationale. Cheikh Oumar Sy, député de (Bës du Niakk) s’est aussi distingué lors des débats à l’Assemblée nationale. Il a pris des positions courageuses sur les questions environnementales et foncières. Il s’est engagé dans le combat pour la libération des six jeunes de Colobane condamnés pour le meurtre du policier Fodé Ndiaye. Ce parlementaire, membre de la société civile, est un travailleur de l’ombre.
D’un tempérament calme et posé, il force l’admiration de ses collègues du fait de sa parfaite connaissance des dossiers. Issu de la diaspora, Cheikh Oumar Sy se positionne comme le porte-drapeau de plusieurs combats liés à la préservation du littoral. Son style direct et son franc-parler en ont fait l’un des opposants les plus acharnés au régime de Macky Sall.
On veut nommer Mamadou Lamine Diallo, président de Tekki, qui a été l’une des bêtes noires de la majorité parlementaire. Sa maîtrise des questions économiques l’a propulsé au premier plan dans les débats liés au PSE et à l’exploitation du pétrole. Cet économiste de formation est l’une des rares lumières de la 12ème législature. Cet ancien membre de la majorité parlementaire n’a pas hésité à rejoindre les rangs de l’opposition pour rester fidèle à ses principes. Il s’est aussi illustré dans l’affaire de la concession de «Necotrans».
Moustapha Diakhaté peut être classé parmi les personnalités marquantes de cette législature. Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (Bby) à l’Assemblée nationale s’est insurgé contre l’absence de débats lors du vote sur le budget. Une attitude courageuse contre sa propre majorité. Mais, ses prises de positions politiques ont souvent pris le pas sur ses convictions. Son franc-parler lui a parfois joué des tours (l’affaire de l’incendie du Daaka de Médina Gounass).
Les députés Aïssata Tall Sall et Aida Mbodj n’auront pas été moins à leur avantage dans cette législature. Leurs postures politiciennes ont souvent pris le pas sur leurs volontés à défendre les intérêts des populations. Alors que plusieurs députés se sont distingués par un travail de l’ombre très efficace pour retoquer ou amender des propositions de loi, cette mandature a souvent servi de tribune à des députés désireux de se donner en spectacle devant les medias. Alors que l’essentiel du travail des parlementaires se fait dans les Commissions, d’autres députés soucieux de faire le «buzz» font l’impasse sur cela pour s’afficher voire se donner en spectacle en plénière.
Cette politique spectacle a laissé place à quelques dérives notées durant les 5 dernières années. Les disputes entre Moustapha Cissé et Aïda Mbodj, les échanges de propos aigres-doux entre Aïssatou Diouf et Me El hadj Diouf ou bien la confrontation «musclée» entre Seydina Fall « Boughazelli » et la «Lionne du Baol» résonnent encore au sein de l’hémicycle. Des événements qui ont fortement discrédité l’image de l’Assemblée nationale pressée de redorer son blason dans les mois à venir.
Source : l'AS via Seneplus