Comme dans un rêve prémonitoire, le reportage sur le C.A.S soulignait qu’«à l’instar des Palestiniens poussés dans leurs derniers retranchements par les israéliens, les mineurs en conflit avec la loi et occupants «légitimes» de ce site, risquent d’être chassés de leur patrimoine par la faute du ministre Sidiki Kaba qui a ordonné une répartition inéquitable du C.A.S entre eux et les nouveaux colons de l’E.N.A.P».
En effet, les décisions de la réunion de partage faite le lundi 09 janvier 2017 suite à la lettre ministérielle N°09355 du 23 décembre 2016 autorisant la Direction de l’Administration pénitentiaire (D.A.P) à occuper une partie du C.A.S pour l’implantation de l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) n’ont jamais été formalisées par procès-verbal. Non content de prendre les 80 % du C.A.S, l’Enap sous l’impulsion de la D.A.P dirigé par le Colonel Daouda Diop a, d’abord, refusé la construction d’un mur de cloisonnement entre les deux structures.
Ce fut, alors, le début d’un plan de liquidation du Centre d’adaptation sociale de Sébikotane, propriétaire des lieux depuis l’arrêté ministériel N°14486 MF-DID-DOM du 16 octobre 1968, par la Direction de l’administration pénitentiaire avec la complicité d’autorités tapies dans l’ombre. Sinon, comment comprendre la décision de modification de garde de tous les mineurs placés au C.A.S de Sébi-Ponty demandés aux procureurs généraux des TGI des régions d’origine des jeunes pensionnaires dudit centre. Cela, pendant que l’Enap à travers ses agents avait pour mission de rendre toute cohabitation avec les mineurs quasi impossible, en leur coupant l’eau pour un centre de formation agricole, en confisquant leur poulailler (pas d’activités avicoles), et leur espace de jeu (terrain de sport multifonctionnel).
In fine, c’est la prise en charge psychosociale des jeunes qui en a pris un sacré coup, créant psychose et traumatisme chez les jeunes et le personnel du centre.
Les travaux de terrassement entamés par l’Administration Pénitentiaire au début de l’implantation de l’Enap avait fini de changer complètement la configuration du Centre, jadis abritant l’Ecole Normale William-Ponty et détruisant au passage des bâtiments considérés comme un patrimoine historique et lieux de pèlerinage pour les premiers dirigeants de l’Afrique occidentale française.
Suivant une logique implacable, la D.A.P a obtenu la mutation des mineurs en difficultés du C.A.S de Sébi-Ponty vers le C.A.S de Nianing qui, non seulement n’a pas une vocation agricole, mais compte une vingtaine de places, là où celui de Sébikotane pouvait en accueillir jusqu’à quatre-vingts.
Aussi invraisemblable que cocasse, les agents de l’Enap, sur instructions de leur hiérarchie, ont commencé à défoncer les portes des locaux toujours occupés le C.A.S, qui soucieux de respecter la loi attendait une notification (décret ou arrêté) pour quitter les lieux.
Ils ont commencé par défoncer les portes des toilettes du bloc cyber et celles attenantes au bloc administratif abritant le bureau du Directeur. Non satisfaits, ils ont profité des rencontres pénitentiaires (17 au 20 novembre 2017) qu’ils ont organisés à l’intérieur du centre pour défoncer, avec le plus grand mépris des lois de ce pays, toutes les portes des locaux où étaient gardés les matériels du centre (chaises et tables dans la bibliothèque, ordinateurs, lits armoires et autres matériels importants dans les salles cyber et infirmerie ont tous disparu). Et quand on interroge les préposés à la sécurité des lieux sur ces exactions, c’est motus et bouche si on ne se fait pas expulser manu militari.
Face à une absence de réactions, ils ont poursuivi leur logique jusqu’à interdire l’accès au centre au Directeur du C.A.S et au seul ASP chargé de veiller sur son patrimoine.
Serigne Saliou Guèye