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CREI : Baldé, privilégié, malgré tout…

GUEST EDITORIALISTE
Jeudi 18 Mai 2017

CREI : Baldé, privilégié, malgré tout…
L’ancien Ministre Abdoulaye Baldé n’a pas du tout apprécié le traitement qui a été le sien depuis que la Cour de répression de l’enrichissement illicite s’intéresse à sa fortune ainsi qu’à celle de son épouse.

Le patron de l’UCS est un docteur en droit, ancien Commissaire de Police à la…Dic et ancien Ministre des Forces armées. Du coup, qu’il soit arrêté devant ses enfants lui a fait très mal. Comme il n’a pas admis par ailleurs être trainé devant des officiers de gendarmerie alors que ses derniers se mettaient en garde à vous devant lui pendant qu’il était Ministre.

Une situation de « simple justiciable », dirait l’autre, qu’il a pourtant du mal à accepter. Et ce qui lui fait surtout mal, c’est qu’il soit considéré comme un délinquant à col blanc et traité en conséquence.

Sera-t-il traité devant la CREI pour un procès sur ses biens ou bénéficiera-t-il d’un non-lieu comme son avocat le dit ? Nous ne sommes pas dans le secret de Thémis. C’est à la Justice de le dire.

Mais, nous avons envie, de préciser, au risque de le heurter, que Baldé est malgré tout un privilégié de cette cour très spéciale.

Et pour cause!

Embarqué par l’ancien Président Abdoulaye Wade dans l’aventure de l’ANOCI comme Directeur exécutif, avant de bénéficier d’une aventure ministérielle, Baldé a eu un bien meilleur sort que Karim Wade. En d’autres termes, il aurait pu être mis sous mandat de dépôt et préparer sa défense à partir de Rebeuss. Le contrôle judiciaire dont il a bénéficié est, manifestement, au regard de la nature de la CREI très attentatoire aux libertés, une forme de privilège.

Le Maire de Ziguinchor doit savoir que dans la dynamique de l’apaisement dans une région sud en proie à un conflit armé vieux de 30 ans dont il est une personnalité incontournable, les pouvoirs publics ont réfléchi à deux fois sur son cas. Il n’est pas question de foutre en l’air tous les efforts du Sénégal et de la Communauté internationale sur une région qui a envie de respirer l’air de la liberté pour amorcer son développement.

On me dira, quel rapport ? Mais, ce qu’il savoir, en guise de réponse, c’est que le justiciable n’est pas dissociable de son environnement. Et le contexte d’exercice d’une quelconque justice doit tenir compte de ces genres de facteurs qui lui sont totalement étrangers, mais qui pourraient avoir des conséquences beaucoup plus graves que celles que l’on espérait.

Le procès de Karim a donné peu de résultats en termes de récupérations d’argent supposé bradé. Il en sera de même d’un éventuel procès-Baldé. Quel bénéficie tirer d’une affaire de ce genre au risque d’éveiller, au Sud, de vieux sentiments comme celui de se sentir marginalisé et constamment humilié par les gens du Nord ?

Une question qui se pose dans un contexte où la CREI, à la lumière de l’Affaire Karim Wade, a besoin d’un profond toilettage. Tout le monde en convient et personne ne fait rien.

Or, la justice n’atteint son objectif que s’il s’accompagne d’un sentiment de faute réparée et non de règlement de compte assouvi.

Certes, Baldé n’a pas à se plaindre au regard du régime d’exception dont il bénéficie jusqu’ici malgré les rigueurs du contrôle judiciaire, mais il n’est pas acceptable dans un Etat qui aspire à l’émergence, de faire survivre une juridiction d’exception comme la CREI qui n’offre qu’une alternative au prévenu traduit devant elle : La prison. Car, rares sont les Sénégalais qui peuvent justifier de l’origine licite de leurs biens, même pour un an.

Et ça, Abdou Diouf le savait. En mettant en place une telle juridiction avant de l’enterrer, il avait pour objectif de tenir en respect des adversaires coriaces et riches. Mais une fois l’objectif atteint, il n’en a plus fait cas. La CREI a été oubliée. Et aujourd’hui, elle fait tout pour ne pas se faire oublier.

Mais à quel prix ?

Assane Samb


 

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