Rappelons-nous seulement la dispute dans le CID entre Don Diègue et Don Gormas. La truculente stichomythie de cette scène iconoclaste scellera le destin fatal du second nommé qui, faute d'une maîtrise de l'art consommé de la communication à ce niveau si stratégique y laissera sa vie.
En politique en effet, les erreurs se payent cash. Le Président Macky Sall était dans l'action. Idy dans la réaction. Ce qui est normal. Le premier nommé préside aux destinées de ce pays. Il déroule sa vision déclinée dans le PSE et mise en musique par son gouvernement. En sa qualité d'opposant irréductible, Idy a toujours été dans son rôle. Il a toujours été contenu aussi, tant bien que mal, par les lieutenants du Président Macky Sall qui ont été aux manettes à la tête de son gouvernement, pour donner corps à la vision de leur président.
C'est cela le respect des formes, en communication politique. Un ancien Premier Ministre qui se retrouve en position d'opposant ne devrait effectivement avoir comme interlocuteurs que des adversaires du même acabit. Mimi Touré a ainsi joué son rôle. Son successeur actuel s'y prêtait à merveille.
L'élément perturbateur de ce rapport de force équilibré a été d'abord la sortie d'une personne -Omar Youm - qui n'avait pas le profil pour légitiment intervenir dans le débat, d'autant plus qu'elle est extérieure à la station primatoriale dont se prévaut Idy pour justifier sa stature d'homme d'état et crédibiliser un discours d'opposant dont la constance a fini de légitimer le leadership dans notre landernau politique alors qu'il était donné pour "mort".
Mais l'erreur stratégique la plus grave aura été l'intrusion dans un débat politique où il n'avait aucune raison de participer du Président Macky Sall. Ce faisant, il s'est rabaissé à hauteur de Idy, qui par la même occasion s'est élevé jusqu'à son niveau.
Idy était dans la réaction devant la politique mise en œuvre par le gouvernement, sous la houlette d’un Premier ministre, qu'il fut. En répondant à ses attaques en lieu et place de ses fidèles lieutenants, le Président de l'APR est descendu de son piédestal, et a fait face à Idy. Il est dans la réaction désormais. Et il a mis le pied dans le champ de guerre où pendant six longues années, Idy a cherché à l'entrainer : celui du débat politique !
Par ce fait, il a disqualifié ses défenseurs à se poser en alter ego de Idy, et il a pris à son compte la dispute. L'affrontement est désormais inévitable. Et l'enjeu en vaut la chandelle : il ne s'agit ni plus ni moins que de l'élection présidentielle.
En usant du superlatif pour déclarer péremptoirement que son candidat avait le meilleur profil, Mahammed B.A. Dionne quitte la scène en laissant son mentor seul face à Idy, et à son destin. Avec la certitude que son challenger, que l'ellipse volontaire de son nom rend plus présent encore est un dur à cuir dont même le nom est craint. Car la question assurément qui mérite d'être posée avec cette sortie est : "Son candidat a le meilleur profil par rapport à qui” ?
Et c'est ainsi que sans doute le vouloir, il ouvre les rideaux sur une précampagne qui démarre sur les chapeaux de roue, en laissant entrevoir un duel pour lequel le président de l'APR a déjà désigné son challenger, Idy, en répondant à son attaque en règle !
Nous revivons le scénario du CID. Qui sera Don Diègue au soir du 24 février ? Qui sera Don Gormas alors ? La communication politique est donc un art aussi pur que l'équitation.
Par une seule répartie, le Président Macky Sall a remis en selle un adversaire politique en quête de légitimité pour s'arroger le rôle de duelliste contre Idy, qui a pendant longtemps été désarçonné par le silence de mépris et le calme serein de Macky SALL.
Espérons que d'ici là, ses experts en communication rattraperont cette situation incommode pour freiner les ardeurs d'un Idy qui semble avoir bouffé du cheval (de l’APR ? ), en attendant de se payer le scalp du cavalier !
Serigne Saliou Guèye