L’expert indépendant des Nations unis pour les droits de l’homme au Mali, Alioune Tine, semble répondre par l’affirmative. Invité de l’émission politique Objection de la radio privée Sud Fm, du dimanche 5 août, M. Tine a salué la «grande démocratie» du Mali qui, en dépit de tous les problèmes qui y règnent, a su organiser les élections avec 24 candidats. La clé de réussite du pays voisin: le bulletin unique utilisé lors de cette présidentielle. Par conséquent, il pense qu’il est temps pour le Sénégal d’appliquer ledit système pour la «transparence des élections», à l’image de la majeure partie des pays de l’Afrique de l’Ouest. En effet, Alioune Tine est d’avis que «le bulletin unique est celui qui garanti la transparence. C’est le bulletin qui ne peut pas être manipulé. Avec les bulletins multiples pour chaque candidat, vous pouvez facilement corrompre».
«LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EST UN MONARQUE DE DROIT DIVIN»
L’ancien Directeur régional d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre n’a pas manqué de déplorer le statu quo qui existe au Sénégal. A l’en croire, la question du bulletin unique avait été soulevée en 1998, puis en 2000, par les opposants de l’époque, qui sont actuellement au pouvoir ou l’ont pratiqué à un moment donné. Alioune Tine reste formel que les raisons du retard du Sénégal sont le refus de «ruptures profondes», par les tenants du pouvoir. Sur le pourquoi de cette posture des acteurs politiques, il dira que «le président de la République, avec cette Constitution, est un monarque de droit divin. Il a le droit pratiquement de vie et de mort sur les gens». Donc, pour lui, ces derniers préfèrent rester avec les failles qui existent, pour garder le «confort» que leur offre les textes.
L’ancien Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme. Ainsi, pour Alioune Tine, «si on ne le change pas, tous les abus sont ouverts, parce qu’il n’y a rien qui puisse retenir le président quand il a une volonté de faire quelque chose». Il ajoutera même que le pays est à la merci de tout ce qui peut arriver. «C’est-à-dire que, si vous ne renforcez pas l’Etat de droit, si vous ne renforcez pas les Institutions, et si en même temps les enjeux de pouvoir sont plus élevés du fait des ressources qui viennent, vous exposez l’Etat», alerte-t-il. Toutefois, il n’a pas manqué d’appeler les acteurs au dialogue.