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Affaire Khalifa Sall : Le dilemme cornélien du président Macky Sall

POLITIQUE
Lundi 20 Mars 2017

S’il y a un dossier judiciaire qui risque de ne pas moisir dans la poussière des tiroirs du palais de Justice contrairement à plusieurs autres qui inondent les tables des juges, c’est bien celui de Khalifa Sall. En effet, au rythme où vont les choses, une liberté provisoire est envisageable ou une ordonnance de renvoi devant une juridiction de jugement sera bientôt signée.


Affaire Khalifa Sall : Un dossier bien chaud
Affaire Khalifa Sall : Un dossier bien chaud
Après 18 mois de vérification au niveau de la mairie de Dakar, l’Inspection générale d’Etat a déposé ses conclusions sur la table du chef de l’Etat en décembre 2016. Saisi par le président de la République, et non par l’Inspection générale comme l’a fait savoir le procureur de la République, sur le rapport N° 12-2016 du 24 mars 2016, pour l'ouverture d'une information afin d’élucider la manière dont les fonds ont été gérés dans la mairie de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, au bout de 12 jours d’enquête a produit son réquisitoire avant de saisir le doyen des juges Samba Sall. Il a demandé le placement sous mandat de dépôt de Khalifa Sall, de ses cinq de ses collaborateurs et des deux percepteurs municipaux cités dans l’affaire.

Après deux jours d’audition, le doyen des juges les placent sous mandat de dépôt excepté les deux payeurs placés sous contrôle judiciaire. 10 jours après les avoir entendus dans le fond du dossier, Samba Sall semble avoir bouclé son travail. Ainsi deux possibilités s’offrent au juge instructeur : soit accorder une liberté provisoire comme l’envisage de demander son pool d’avocats ce lundi et placer le maire de Dakar sous contrôle judiciaire ou signer une ordonnance de renvoi devant une juridiction de jugement. La gestion complexe de ce dossier juridico-politique plonge le président Sall dans un dilemme cornélien.

Dossier Khalifa Sall : une patate chaude pour le régime

Si Khalifa Sall bénéficie d’une liberté provisoire, cela entrerait en droite ligne avec la demande du nouveau khalife général des Tidiane qui avait sollicité la mansuétude du chef de l’Etat en sus de ses appels à la pacification du climat politique et social. Abdoul Aziz Al Amine a rappelé, trois jours après la disparition de son ainé et khalife Serigne Cheikh Tidiane Sy, à la classe politique d’œuvrer pour la paix et l’unité des cœurs si l’on ne veut pas plonger le pays dans un conflit civil.

Une liberté provisoire pour Khalifa Sall permettrait au président Macky Sall de geler le dossier du COUD de plus en plus évoqué dans les médias et plusieurs autres concernant des maires de la mouvance présidentielle. En attendant un tel happy-end, le maire de la capitale voit son capital de sympathie monter en flèche depuis son incarcération. Et plus il durera en prison, plus sa popularité. Les Sénégalais aimant se solidariser avec les victimes. Une fois dehors, ses activités politiques pourraient connaitre un essor et galvaniser toute l’opposition qui l’a déjà investie comme tête de liste pour les législatives à Dakar. Et le danger pour le président Macky Sall serait de laisser libre son plus redoutable adversaire politique aujourd’hui même si, du côté du pouvoir, on semble jouer à la politique de l’autruche en minimisant le danger que pourrait constituer l’édile de Dakar pour le projet politique de Bennoo Bokk Yaakaar à Dakar.

La maire socialiste pourra galvaniser ses troupes et mobiliser toutes les forces de l’opposition surtout celles de la capitale. Khalifa Sall, qui communiquait peu sur sa posture politique, aura, une fois sorti de prison, les coudées franches pour faire des sorties médiatiques opportunes et tenir un discours plus clair à ses militants, partisans et sympathisants à propos de ses véritables ambitions politiques.
Mais une éventuelle libération de Khalifa Sall sauverait de la potence des directeurs généraux d’entreprises apéristes dont les gestions ont été épinglées par des rapports de l’OFNAC ou d’autres corps de contrôle compétents.

En revanche, un renvoi de Khalifa Sall devant une juridiction de jugement, cela signifie ipso facto, le dépoussiérage des dossiers de l’Ofnac, de Post-Finance, de Dem Dikk entre autres. Sans compter ceux des mairies de Pikine et Saint-Louis. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le député Moustapha Diakhaté a annoncé que bientôt des maires apéristes passeront devant le juge. Et aux yeux de l’opinion, il serait difficile que tous s’en sortent avec des contrôles judiciaires. Certainement pour ne pas avaliser le constat des deux poids deux mesures ou l’image d’une justice à géométrie variable dont la boussole ne s’oriente que vers les adversaires du patron de la Justice sénégalaise en l’occurrence le président Sall, un directeur, ne serait-ce pour donner le change, sera sacrifié à l’autel d’une justice équitable avant d’être envoyé à Rebeuss.

« La politique est une question d’opportunité et d’opportunisme »

Mais là, le danger consiste pour le président de l’APR à créer des secousses sismiques dans sa propre formation politique. Parce qu’emprisonner un directeur général, porteur de voix, équivaut à s’exposer éventuellement à une avoinée électorale aux échéances législatives, tant les militants d’un responsable écroué risquent de sanctionner leur propre liste. Et puisque ces élections législatives constituent une première mi-temps barométrique pour l’élection présidentielle de 2019, ce serait trop risqué pour le président de la République, chef de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar, de prendre des initiatives compromettant sa réélection en 2019.

Si en dépit de tous les efforts consentis au plan socio-économique depuis son accession, le président, à cause de ses erreurs politiques, se retrouve avec moins de députés qu’en 2012, cela signifierait que le peuple ne juge pas sur les résultats économiques et sur la croissance mais sur le bouillonnement politique. Abdoulaye Wade n’a pas failli au plan économique si on dresse un parallèle entre ses réalisations en 12 ans et du régime quarantenaire socialiste qu’il a balayé en 2000. Cependant, c’est sa façon de faire la politique et la manipulation de la justice qui ont fini par le faire haïr de ce peuple qui l’avait porté triomphalement au pouvoir en 2000.

Même si en 2000, le plan Sakho-Loum qui avait appauvri les Sénégalais pendant presque une décennie avait fini par rétablir certains équilibres macro-économiques, cela pas n’a pesé positivement sur la réélection du président Abdou Diouf. L’économie était au vert et la balance commerciale n’était plus déficitaire. Mais tous ces bons points économiques n’ont pas suffi pour contrebalancer la volonté des Sénégalais de se débarrasser du régime du président Abdou Diouf dont ils n’appréciaient la façon discriminatoire et exclusiviste de faire la politiques surtout au sein de son propre parti.

Ainsi le dossier Khalifa Sall risque d’être une patate chaude pour le président Macky Sall qui a mal apprécié le moment où il l’a soulevé. Aujourd’hui quoiqu’on puisse dire, Khalifa Sall, par le manque de lucidité du pouvoir et l’inclination à se débarrasser d’un adversaire politique d’Ousmane Tanor Dieng et de Macky Sall, voit sa cote de popularité s’accroitre quand bien même, dans le camp présidentiel, des responsables politiques (Abdou Abel Thiam, Cheikh Kanté, Oumar Youm, Abdoulaye Diouf Sarr…) avoueraient faussement que le maire de Dakar ne constitue pas pour eux un danger politique. Cependant, nous n’oserons dire que ces responsables thuriféraires du président Sall souffrent de cécité ou sont gagnés par un nanisme politique. Mais affirmer publiquement qu’un homme politique qui a gagné la quasi-totalité des communes de Dakar (Dakar qui constitue le 1/3 de l’électorat sénégalais) sous le régime d’Abdoulaye Wade et qui l’a réitéré successivement avec le président Macky Sall ne représente rien, c’est verser dans la mauvaise foi politique.

De tels discours lénifiants, on les a déjà entendus du temps de Diouf quand Djibo Ka et des apparatchiks socialistes sont poussés à la sortie du PS et quand, subséquemment, Moustapha Niasse a été exclu du même parti. A l’époque Ousmane Tanor Dieng et ses affidés minimisaient faussement ces deux hémorragies qui ont atrophié le PS. Le résultat, la formation de Senghor a perdu le pouvoir derrière lequel, son leader Ousmane Tanor Dieng, las de ses différents échecs électoraux, ne court plus.
Avec cette arrestation du maire de Dakar, le président Sall s’est choisi un adversaire politique coriace. La politique est une question d’opportunité et d’opportunisme. Et la période semble être mal choisie pour le président Sall de mettre sur la balance judiciaire déséquilibrée un dossier qui lui crée plus de difficultés que d’avantages politiques.

Serigne Saliou Guèye


 

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