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L'essentiel


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À l'Unesco, l'Afrique plaide pour le retour de ses biens culturels

CULTURE
Lundi 4 Juin 2018

Bénin, Sénégal et Gabon, entre autres pays, ont réclamé vendredi la restitution à leur pays d'origine des biens culturels pillés durant la colonisation, à l'occasion d’une conférence organisée à l'Unesco, à Paris, vendredi.


Plusieurs pays, notamment africains, ont plaidé vendredi 1er juin à l'Unesco, à Paris, pour la restitution à leurs pays d'origine de biens culturels pillés. Ils ont exhorté à la résolution rapide des obstacles au retour de ce patrimoine sur leurs "terres de création".

"Ces biens ont une âme", a lancé à la tribune le président béninois, Patrice Talon, lors d'un vibrant plaidoyer pour qu’ils reviennent "sur leurs terres de création, exposés parmi les leurs, là où tout est" en accord "avec leur essence et là où leur histoire révèle davantage leur grandeur que leur asservissement".

Des ministres originaires du B2NIN , du Senegal, du Gabon, du Pérou, du Liban, de Jordanie, d'Allemagne et de France, des directeurs de musée à travers le monde, des experts notamment ont participé aux débats de cette conférence internationale sur la "circulation des biens culturels et patrimoine en partage", organisée par l'Unesco, à Paris.

Le but de cette réunion était d'"ouvrir de nouveaux espaces de dialogue" entre les pays dont "sont originaires ces objets" et "ceux qui les conservent", en "dépassant les seules questions juridiques", afin de proposer des solutions et des outils pour les États.

L'Unesco soutient depuis plus de 40 ans le combat des pays qui, en Afrique et ailleurs, exigent la restitution de leurs biens culturels disparus lors de l'époque coloniale dans des circonstances discutables.
 

L'Afrique, le continent le plus touché

"Un sujet au cœur de bien des passions" qui "emporte avec lui les questions d'identité, de mémoire, de souveraineté", a souligné, en ouvrant les débats, la directrice générale de l'Unesco, l'ex-ministre française de la Culture Audrey Azoulay. "Cette prise de conscience, ce n'est pas qu'une affaire d'experts, de gens du patrimoine, c'est très présent aussi dans l'esprit de la jeunesse d'aujourd'hui", a-t-elle ajouté.

Cette controverse concerne nombre de pays dans le monde, mais l'Afrique est le continent le plus touché. Plus de 90 % des pièces majeures d'Afrique subsaharienne se trouveraient hors du continent, selon les experts.

Pays le plus demandeur, le Bénin cherche à récupérer une partie des trésors du royaume du Dahomey – trônes royaux, récades (sceptres royaux), portes sacrées du palais d'Abomey – accaparés lors des batailles coloniales entre 1892 et 1894, mais aussi par des missionnaires ou des missions culturelles.

"Au-delà des questions d'ordre politiques, historiques, sociologiques, philosophiques, la restitution, le partage et la circulation des biens culturels sont désormais pour le Bénin un moyen de lutter contre la pauvreté et un facteur de créations d'emplois et de richesse, un outil de développement socio-économique", a ajouté Patrice Talon, qui souhaite faire du tourisme un pilier de l'économie béninoise.

Trois musées sont en construction dans plusieurs villes du Bénin, a précisé à l'AFP le ministre béninois des Affaires étrangères, Aurélien Agbenonci.
 

Une demande du Bénin rejetée par la France

Pour l'historienne d'art Bénédicte Savoy, "il y a une réelle impatience maintenant d'obtenir des réponses et des actions réelles sur ce sujet". "La culture populaire, les jeunes générations, l'industrie du cinéma, mais aussi l'art contemporain, le roman, la poésie se sont emparés de ce sujet et ils attendent des réponses", a-t-elle relevé.

Le président français Emmanuel Macron avait confié en mars à Bénédicte Savoy et à l'écrivain et universitaire sénégalais Felwine Sarr une mission visant à restituer à des pays africains des œuvres d'art en France depuis la colonisation. Les musées français sont riches de dizaines de milliers d'œuvres africaines rapportées depuis le XIXe siècle. Le musée d'art et de civilisation du quai Branly, à Paris, en possède à lui seul quelque 70 000. Les deux chercheurs doivent rendre leur rapport en novembre.

Le Bénin, qui a fait une demande à la France fin 2016, jusqu'ici rejetée, poursuit les négociations


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