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Suez-SDE: Les services du sournois M. Mansour Faye se noient dans leurs arguments (Par Mamadou Oumar Ndiaye)

POLITIQUE
Vendredi 9 Novembre 2018

Plutôt que de s’en satisfaire, voilà que l'Etat choisit de demander à la meilleure société d’eau en Afrique de prouver ses capacités techniques - Macky veut éjecter les sénégalais de la SDE pour mettre ses protégés dans la future filiale de Suez


Suez-SDE: Les services du sournois M. Mansour Faye se noient dans leurs arguments (Par Mamadou Oumar Ndiaye)
Le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement consent à communiquer enfin sur son rôle trouble dans l’attribution du contrat d’affermage d’eau potable dans nos grandes villes au groupe français Suez ! Hélas, en décidant de s’adresser à nos compatriotes parle biais d’une « lettre ouverte aux usagers du service public de l’eau » et aussi en suscitant des contrefeux dans certaines publications de la place, les services du sournois M. Mansour Faye se noient dans leurs arguments. A tout le moins, ils prennent les Sénégalais pour des demeurés. Voilà donc des gens qui essaient de nous vendre la salade selon laquelle si la Sénégalaise des Eaux (SDE) a été écartée au finish au profit de SUEZ, c’est parce que son offre technique n’était pas à la hauteur.

D’ailleurs, nous dit-on, c’est par bonté d’âme — pour ne pas dire par charité chrétienne ! — que le ministre de l’Hydraulique l’aurait repêchée pour lui permettre de participer à la seconde étape, celle des offres financières. Une seconde étape où, on l’a vu, la société dirigée par M. Abdoul Ball a battu à plate couture le géant mondial de l’eau Suez. Un affront, et bien des engagements compromis ! Après avoir grenouillé pendant presque cinq mois et sous pression médiatique à travers des interpellations s’étonnant d’un si long temps mis à publier les résultats de cet appel d’offres international relatif au choix du futur fermier chargé de distribuer l’eau potable dans nos villes, le résultat que tout le monde sait a été publié.

Face à l’étonnement de l’opinion et aux accusations à peine voilées de corruption, on nous dit que l’offre financière n’était pas suffisante puisqu’il fallait une cohérence entre le compte d’exploitation prévisionnel, la technologie proposée et le fonctionnement de l’entreprise. A cette aune, la proposition de Suez serait la plus « cohérente ». De qui se moque-t-on ? Car, dans cette affaire, il nous semble bien que s’il y a des sociétés qui devaient faire leurs preuves sur le plan technique, c’est bien Veolia et Suez qui n’ont jamais montré aux Sénégalais de quoi elles sont capables. Quant à la SDE c’est, comme on dit, le diable qu’on connaît. En 22 ans de gestion de la distribution d’eau dans les centres urbains de notre pays, cette société a montré son savoir-faire et ses performances parlent pour elle qui est incontestablement la meilleure société d’eau en Afrique.

En plus d’avoir permis, grâce à ses excellents résultats, au Sénégal d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) pour ce qui est de l’eau potable — le seul domaine où notre pays a atteint ses objectifs car s’étant planté lamentablement ailleurs —, la sénégalaise des eaux est érigée en modèle de performance sur le continent à telle enseigne que des délégations viennent non seulement de partout en Afrique mais aussi du monde entier pour s’inspirer de son expérience et de son savoir-faire.

« Doublement de la production d’eau, triplement du portefeuille clientèle, très nettement, amélioration de la qualité de l’eau, recouvrement record de créances, un taux d’accès proche de la couverture universelle » : ainsi se présentent, et en résumé, les performances de la SDE telles que rappelées par notre confrère Momar Seyni Ndiaye. Des performances qui parlent d’elles-mêmes et dont tous les sénégalais peuvent témoigner. Plutôt que de s’en satisfaire, voilà que le gouvernement choisit de demander à la meilleure société d’eau en Afrique de prouver ses capacités techniques. C’est comme si un grand club de football européen lançait un appel à candidatures pour trouver un entraîneur, et qu’à l’issue de la seconde étape, celle des offres financières, Zinedine Zidane ayant fait l’offre la plus intéressante financièrement, les dirigeants, pour ne pas le prendre, prétendent qu’il n’a pas satisfait aux tests techniques !

Oui, lui qui a remporté trois fois le championnat espagnol et autant de fois la Champion’s League. Ce qu’a fait le ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement est encore plus gros que si on demandait à Kylian Mbappé de prouver techniquement qu’il sait jouer au football. Pour rester dans la métaphore sportive, dans la compétition pour le choix du fermier devant gérer l’approvisionnement en eau de nos villes pour les 15 prochaines années, la sénégalaise des eaux aurait dû être qualifiée d’office, autrement dit être exemptée de l’étape de la sélection technique.

Dans le domaine académique, on aurait parlé d’admission sur titre. Pour dire que l’enjeu, pour la SDE, c’était plus de montrer qu’elle pouvait baisser le prix de l’eau que de démontrer son savoir-faire technique. Si on prenait le domaine de l’énergie, aurait-on idée de demander à la Senelec sous Mouhamadou Makhtar Cissé, qui a réussi à faire oublier aux sénégalais les délestages grâce à ses excellents résultats, de prouver qu’elle sait produire, transporter et distribuer de l’électricité ? En revanche, il aurait été indiqué de demander aux deux rivales de la SDE de montrer qu’elles savent gérer la distribution de ce liquide dans le contexte africain. Lequel, on le sait bien, est fondamentalement différent de celui de l’Europe voire de l’Amérique.

L’une des deux rivales de la SDE dans l’appel d’offres sénégalais n’a-t-elle d’ailleurs pas été chassée comme un malpropre du Gabon pour mauvais résultats ? Et ce bien qu’étant parmi les géants mondiaux du secteur ! Quant à la société déclarée adjudicataire, Suez, la plus grande ville dont elle a eu à gérer l’eau en Afrique a trois fois moins d’abonnés que la SDE. S’il y a donc qui doivent montrer leurs capacités techniques, c’est bien ces deux-là. N’est-ce pas M. Mansour Faye ? sur un autre plan, on nous présente comme des cadeaux — et un signe d’une très grande magnanimité des « toubabs » de Suez — le fait qu’ils aient fait savoir qu’ils vont reprendre tout le personnel de la SDE si l’adjudication est confirmée en leur faveur.

La vérité est qu’il s’agit là d’obligations contractuelles couchées noir sur blanc dans le dossier d’appel d’offres. Par conséquent, n’importe quelle société adjudicataire est tenue de respecter ces deux conditions, entre autres. Justement, on en voit qui se bousculent au portillon du côté du régime de la gouvernance sobre et vertueuse pour faire partie des éventuels actionnaires nationaux de la société de droit sénégalais que Suez va devoir créer. Car Macky Sall veut éjecter les sénégalais de la SDE pour mettre ses propres protégés dans la future filiale nationale de Suez. Ce serait l’une des raisons pour les quelles il fallait coûte de coûte éjecter Eranove au profit de Suez.

Par conséquent, quelque intéressante et compétitive que fût l’offre de la SDE, le sort de la société dirigée par notre compatriote Abdoul Ball était scellé. Le problème c’est que, hélas pour Mansour Faye et compagnie, même s’ils considèrent que le cheval classé deuxième court admirablement vite, force est de reconnaître que celui arrivé premier est encore plus véloce que lui ! Or, c’est la SDE qui a fait la meilleure offre financière…

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