Les attaques verbales et personnelles, venant parfois de ceux qui sont censés contribuer à la bonne administration de la justice, doivent être condamnées sans réserve et donner lieu à des sanctions appropriées à la mesure de leur gravité», dit Souleymane Teliko. Cependant, précise-t-il, «l’honnêteté intellectuelle leur impose aussi de reconnaître qu’au-delà des dérapages que l’on peut mettre sur le compte d’une passion mal maitrisée ou d’une citoyenneté de mauvais aloi, ces attaques traduisent aussi une inquiétante et progressive rupture de confiance entre les citoyens et leur Justice». Les magistrats doivent, par conséquent, se remettre en cause. «Un devoir d’introspection nous incombe tous; non point pour nous auto flageller, mais pour rétablir la nécessaire confiance entre la justice et les citoyens au nom de qui elle est rendue. Et à cet égard, ce serait pour nous, une fuite en avant que d’éluder cette question difficile mais incontournable qui est de savoir quelle est leur part de responsabilité dans ce discrédit croissant de leur institution.»
CHAQUE MAGISTRAT DOIT VEILLER A CE QUE RIEN, DANS SA POSTURE ? NE SOIT DE NATURE A SUSCITER SUSPICION ET RUPTURE DE CONFIANCE
Pour Souleymane Teliko, «le droit légitime qu’ils ont de revendiquer leur participation dans l’œuvre de construction de la justice a pour corolaire le devoir d’assumer leur part de responsabilité dans tout ce qui advient au sein de l’institution judiciaire». Souleymane Teliko, poursuivant son argumentaire, rappelle à ses collègues qu’être acteur, c’est aussi être responsable. «La considération et le respect auxquels nous avons naturellement droit ne nous sont accordés que sous réserve de l’application scrupuleuse des principes qui garantissent la tenue d’un procès juste et équitable». Mieux, leur dit-il, «c’est le droit de chaque magistrat de traiter le dossier qui lui est soumis conformément à la loi et à sa conscience. Mais c’est le devoir à eux tous de veiller à ce que rien, dans leurs postures, ne soit de nature à susciter suspicion et rupture de confiance». Selon le président de l’Ums, «les activités et déclarations politiques que font certains de leurs collègues, en violation flagrante de leurs statuts, la sélectivité dans le traitement des dossiers, le rythme particulier auquel sont soumises certaines affaires, les postures et positions de certains d’entre eux, contribuent à conforter dans l’esprit des concitoyens le sentiment d’une justice à deux vitesses et aux ordres».
«Rien ne peut justifier que la justice du Sénégal, celle de Kéba Mbaye, Leyti Kama, Seydou Ba, Assane Bassirou Diouf et tant d’autres figures emblématiques de l’histoire judiciaire de l’Afrique, soit à ce point indexée. Pour mettre fin à toutes ces dérives, il nous faut donc, parallèlement aux condamnations et poursuites judiciaires, apprendre à nous conformer davantage à notre serment qui nous oblige à nous soumettre qu’à la loi», conclut le président de l’Ums.