Extrait…
Plainte de la Raddho contre l’Etat du Sénégal sur les couacs lors des législatives
« Je dois d’abord dire que Y en a marre est pour nous un partenaire extrêmement important et toutes les organisations qui sont dans cette action sont nos partenaires. La proposition qu’ils ont fait d’ester en justice contre l’Etat du Sénégal devant la Cour de la Cedeao est une proposition que nous examinons. Nous l’examinons du point de vue de son opportunité, du point de vue de sa responsabilité également et du point de vue de ses chances de succès. Ce sont ces trois critères qu’Amnesty évalue très souvent avant d’engager une action en justice. Nous sommes en train de les examiner et nous dirons à nos amis nos positions finales par rapport à ça. En tout état de cause je pense que le but c’est d’amener l’Etat du Sénégal à rendre des comptes pour les manquements qu’on a observé le jour du scrutin où on a eu les élections les plus mal organisées du Sénégal depuis l’indépendance. Ce qui a privé à des sénégalais le droit de vote qui est un droit constitutionnel. C’est également un droit qui est contenu dans le pacte international sur les droits civils et politiques qui est un traité qui date de 1968 que le Sénégal a ratifié et qu’il est tenu de respecter. Si l’Etat du Sénégal ne respecte ce droit, les gens sont dans une situation de pouvoir lui demander des comptes».
Le conseil constitutionnel a annulé tous les recours
« Parlons d’abord des récépissés. Je pense que si cette décision n’a pas été prise par le conseil constitutionnel probablement nous aurions la moitié du corps électoral qui n’aurait pas votée à défaut de reporter. Je pense que le report n’était pas envisageable pour le pouvoir que pour l’opposition. Personne n’était pour le report et la plus mauvaise idée était d’organiser des élections pendant l’hivernage au moment où le monde rural qui constitue la plus grande portion sénégalaise est aux travaux champêtres. J’espère qu’on ne le fera plus parce que c’est non seulement une mauvaise idée mais aussi cela contribue à faire gonfler le taux d’abstention. L’autre chose c’est qu’il faut mettre fin au caractère pléthorique des listes. La meilleure façon de mettre fin à cela c’est de demander aux listes d’avoir des signatures pour les parrainages. Tous les partis qui n’ont pas d’élus ne devaient pas se présenter sans obtenir des signatures d’électeurs. Pour revenir à votre question, je m’abstiendrais de porter un jugement par rapport à ce qu’ils ont rendu comme décision. Parce que dans le passé le conseil a rendu une décision favorable à l’opposition. Donc là le conseil a renvoyé dos à dos l’opposition et le pouvoir, je crois qu’il a des arguments solides. En tout état de cause, le conseil a rarement annulé des élections pour demander à ce qu’elles soient reprises ».
Ce qu’Amnesty international a retenu de ces joutes
« Je pense que de bout en bout pendant ces élections électorales le code électoral a été violé de façon flagrante par le camp du pouvoir. La première violation ce sont les publi-reportages qui sont interdits par le code électoral. Le camp du pouvoir a fait passer des publi-reportages jusqu’à la veille des élections. Je ne parle pas de la Rts qui faisait des reportages sur la CMU etc ce qui était des publi-reportages déguisés. La deuxième chose l’amateurisme dans lequel ils ont organisés ces élections. Comment peut-on payer 50 milliards à une entreprise plus chère que ce qu’on a payé en Algérie pour imprimer un nombre de cartes deux fois plus élevées et qu’on n’arrive pas à avoir les cartes au bout du compte ? En tout état de cause je pense que la confiance est rompue entre les acteurs. Une large frange de la société civile ne fait plus confiance à Abdoulaye Daouda Diallo pour organiser des élections au Sénégal. Le Président de la République a commis une grosse erreur en félicitant ce Monsieur qui a failli dans l’organisation des élections et dans la confection des cartes. Donc le féliciter c’est une manière d’insulter les sénégalais. Ce qu’on attendait de Macky Sall c’est qu’il démette ce ministre-là. On ne dit pas qu’il le renvoie du gouvernement mais qu’on lui trouve une autre station et qu’il mette à la tête du ministère de l’intérieur une personne neutre, une personne apolitique qui a la confiance de tous les acteurs pour organiser des élections. Si on reproduit ces mêmes erreurs en 2019, le pays connaîtra des lendemains incertains. La présidentielle a un enjeu beaucoup plus grand que les législatives».
Avec Rewmi