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Salif Sadio déroule son plan de conquête de la Casamance

POLITIQUE
Lundi 6 Mai 2019

Contrairement à Koundioughor, cette fois-ci les rebelles n’étaient pas armés

Comme à Koundioughor, une semaine plus tôt, Salif Sadio a fait faux bond aux populations préférant envoyer quelques émissaires farceurs qui ont laborieusement revisité l’«Histoire» de la Casamance dans l’espoir de les convaincre d’adhérer à leur cause indépendantiste. Une seule particularité par rapport à la première rencontre : cette fois-ci les rebelles et autres organisateurs de ce meeting n’étaient pas armés dans cette zone rurale sous contrôle de la gendarmerie.
Le samedi 27 avril dernier, le Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) avait organisé une assemblée « populaire » à Koundjoughor (Bignona) où le chef combattant Salif Sadio avait annoncé sa présence. A l’arrivée, il avait été représenté par des lampistes qui ont véhiculé des messages de nature à porter atteinte à l’intégrité du territoire national puisqu’ils prônaient ouvertement l’indépendance de la Casamance. Une semaine après, Salif Sadio, le combattant en chef autoproclamé du Mfdc, a refait le même coup médiatique. C’était samedi 04 mai dernier à Affiniam, un village situé dans la commune de Thionck-Essy (Bignona) et très conservateur car ancré dans la culture diola. Comme à Koundjoughor, Salif Sadio s’est fait représenter par ses principaux lieutenants à savoir Alioune Sané, Ousmane Diédhiou et Abdoulaye Mané sortis du maquis pour tenter de convaincre les Casamançais d’adhérer à leur cause. Une cause qui consiste, selon eux, à libérer la Casamance des envahisseurs sénégalais. « Salif Sadio nous a demandé de vous répéter que les chiens « traitres » aboient, la caravane passe ! Ainsi, il n’a d’autre ambition que de libérer la Casamance. Il n’a pas varié dans cette position car l’indépendance de la Casamance est réelle, inaliénable, absolue et non négociable… », a martelé Abdoulaye Mané, le porte-parole du jour, aux cotés d’Ousmane Diédhiou (le messager de Koundjoughor). Une seule particularité par rapport à la première rencontre, cette fois-ci, les rebelles du Mfdc et les organisateurs n’étaient pas armés de Kalachnikov. Face à l’assistance, les émissaires de Salif Sadio ont laborieusement revisité l’ « Histoire » en invoquant des écrits et traités pour mieux vendre leur thèse selon laquelle la Casamance ne fait pas partie du Sénégal.

Salif Sadio se défoule sur Robert Sagna

Pour «convaincre», Salif Sadio a fait dépoussiérer le traité 22 janvier 1836 que la Casamance avait signé avec le lieutenant de vaisseau Malavois pour céder l’île de Carabane à la France. Puis un autre soi-disant traité du 3 novembre 1883 dans lequel un lieutenant de l’armée coloniale du nom de Lenoir demandait au roi Alpha Molo Baldé l’autorisation de construire le chemin de fer traversant la région naturelle de la Casamance. Selon Abdoulaye Mané, « rien que cette demande d’autorisation de la France prouve que la Casamance est un Etat hors du Sénégal » clame-t-il. Comme son compagnon d’armes Ousmane Diédhiou à Koundjoughor une semaine plus tôt, lui aussi s’est défoulé sur l’ancien ministre Robert Sagna et les membres de son groupe de réflexion pour la paix en Casamance. « Ce sont tous des traitres qui s’allient à l’ennemi pour tuer leur propre peuple. Mais je comprends les Robert Sagna et autres car, dans toute lutte de libération nationale, il y a des traitres qui s’activent pour leurs propres intérêts. Et ils sont nombreux ces traitres, ces corrompus, ces vampires en complicité avec le Sénégal pour maintenir la Casamance dans l’esclavage. Salif Sadio a dit qu’il les qualifie de criminels ! » s’est étranglé l’envoyé du commandant en chef du Mfdc face aux villageois de Affiniam et environs. « Pourquoi ce groupe de réflexion de Robert Sagna n’a-t-il jamais réfléchi sur les tristes situations de la Casamance » a ironisé Abdoulaye Mané au nom du chef de l’aile combattante du Mfdc. « Par exemple sur les cas de l’hôpital régional, de l’université Assane Seck et du pont Emile Badiane en situation délabrée. Il suffit que ces structures connaissent le même sort que le bateau Joola pour qu’ils viennent s’enrichir sur le dos des victimes » a taclé le porte-parole du Mfdc en parlant des membres du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance. Ousmane Diedhiou a profité de l’occasion pour tenter de dispenser un cours d’histoire sur la Casamance dite « authentique » et « historique » frontalière avec le Mali, la Mauritanie et les deux Guinée. Il a ensuite rappelé d’autres mystérieuses conventions que le président Mamadou Dia aurait signées avec l’Abbé Diamacoune Senghor évoquant la notion « Etat » de la Casamance.

Une troisième rencontre se prépare !

Comme l’avait écrit «Le Témoin», Salif Sadio ne compte pas s’arrêter dans sa tournée de communication auprès des populations pour leur soumettre un « référendum » du genre : « poursuivre la lutte armée » ou « former un gouvernement du Mfdc ». Malheureusement, l’Etat du Sénégal est en train de laisser naitre une nouvelle forme de pagaille criminelle plus destructrice que celle des armes. Il est vrai que si l’Armée et la Gendarmerie ont laissé des membres du Mfdc sortir du maquis jusqu’à tenir des meetings de provocation en territoire sénégalais, c’est parce que l’autorité politique l’a cautionné. Mais vouloir sauvegarder les acquis d’un processus de paix en Casamance ne veut pas non plus dire prendre des populations en otage. Confidences d’un habitant de Thionck-Essyl : « Si mes enfants et moi avons répondu à l’appel du Mfdc, c’est pour éviter des représailles. Mais personne dans le village n’est convaincu par de telles déclarations » nous confie ce père de famille après la fin de la rencontre du Mfdc. Par ailleurs, « Le Témoin » est en mesure de vous informe qu’une troisième rencontre sera convoquée par Salif Sadio dans les prochains jours.
 
Le Témoin
 

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