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Réunification de la famille socialiste, un projet a vau-l’eau

POLITIQUE
Mercredi 31 Juillet 2019

Réunification de la famille socialiste, un projet a vau-l’eau
« Nous dénonçons ce socialisme de caserne et combattons ce socialisme d’occasion  :  Dans  lequel  les  chanteurs  de louanges, les souteneurs, les  candidats métamorphosés en collecteurs, les comploteurs  pensent  pouvoir l’emporter  sur les militants ; où l’amoralisme prime sur l’éthique ; où l’engagement  s’efface  devant l’arrangement ; où on préfère s’accommoder plutôt  que  de  rompre.  Dans lequel on préfère se servir au lieu de servir par le compromis et le renoncement, en tentant de gâcher l’avenir  au  lieu  de construire le présent pour se projeter dans le futur. Nous optons et luttons dignement pour un socialisme de convictions et d’ambitions, pour un socialisme de principes et de valeurs ». 

Voilà ce qu’écrivait Barthélémy Dias le 18 mars dernier pour répondre à Ousmane Tanor Dieng qui appelait à la réunification des franges socialistes entrées en dissidence avec la formation mère. « Tanor » aujourd’hui décédé, l’obstacle semble être levé pour le maire de Mermoz-Sacré-Cœur au point qu’il s’engage désormais à œuvrer pour l’unité du Ps. Une semaine après le rappel à dieu du leader socialiste, Barthélémy Dias s’est rendu à la Maison du Parti Léopold Sédar Senghor sise à Colobane pour signer le registre de condoléances. le témoignage est poignant et le ton conciliant en même temps qu’empreint de tristesse. 

Les mots qu’accouche la plume du maire de Mermoz détonnent avec ceux prononcés sur la page Facebook en 19 mars. « Grande fut ma tristesse lors de l’annonce de  votre rappel  à Dieu. Malgré les vicissitudes de la vie politique, je retiens de vous, l’homme d’Etat, l’enfant de la République, le leader politique organisé et méthodique, le gardien infatigable de l’héritage politique du président Léopold Sédar Senghor. Sachez du paradis où vous vous trouvez que  je  m’efforcerais  à exaucer votre dernier vœu de l’unification de cette grande famille de gauche », écrit l’ancien patron des jeunesses socialistes dans le registre de condoléances. Lors de la présentation de ses condoléances à la famille d’Ousmane Tanor Dieng à Fann résidence, Barthélémy Dias a réitéré la même position que lors de son déplacement à la maison du Parti. 

Ainsi, il a promis d’aller à la rencontre d’Aminata Mbengue Ndiaye, des sages Nguirane Ndoye et el hadj Mansour Mbaye pour échanger avec eux et recueillir leurs points de vue sur l’avenir de leur formation. « Notre  responsabilité,  ce n’est pas de nous disputer, de nous chamailler ou de nous donner en spectacle. Je rappelle que la dernière fois qu’OTD est sorti en public il a émis le vœu pour les  retrouvailles de la famille socialiste et de la famille  de  gauche.  Pour  se  disputer  et  se battre, il faut être deux. Et nous n’avons ni la volonté, ni le cœur pour nous battre. Il faut  continuer  à œuvrer  pour  que  l’héritage du président Senghor puisse encore continuer à servir aux générations futures. 

Le PS du Sénégal n’a pas été créé pour se métamorphoser en mouvement de soutien Je pense que si les uns et les autres sont conscients de leur responsabilité, nous devons pouvoir y arriver. Je répète que personne ne pourra écrire cet héritage sans nous parce que nous y avons grandement contribué », a-t-il laissé entendre. auparavant dans le journal Le Quotidien du 18 mars, Bamba Fall, maire de la Médina, avait fait, à la suite de la main tendue de Tanor, une déclaration qui sonne comme un retour définitif au bercail : « Je n’ai jamais quitté le parti. Moi, je suis dans le parti et j’y retournerai.  Ensemble, nous  montrons  à tout le monde qu’on a le plus grand parti du Sénégal. 

Le seul problème que j’avais, c’est que le Parti socialiste doit obligatoirement participer à toutes les élections nationales. Le Parti socialiste doit être à la tête d’une coalition pour chaque élection, c’est possible. Donc, je pense que tout le monde l’a compris maintenant » dixit le maire proche de Khalifa Sall avait ajouté ceci : « Ma maison naturelle, c’est le Parti socialiste. 

J’ai rencontré le Secrétaire  général  (du  Ps).  On  a  échangé  et conclu  que  le  passé  est  derrière  nous. Alors, ensemble, nous allons reconstruire notre parti afin qu’il soit le parti le plus attractif du Sénégal. Je pense qu’on va voir les modalités dans les jours à venir… Mais il faudra s’assurer que Khalifa Sall reste le leader du parti à Dakar. Il  faudra parler des élections locales et présidentielles. Macky Sall ne cherche plus un 3e mandat, donc le parti doit se préparer à avoir son propre candidat en 2024. On doit massifier les bases du parti et gagner le maximum  de  communes  à  Dakar  et  partout ailleurs au Sénégal. »

Le cas Khalifa Sall : un obstacle dirimant au projet de réunification socialiste

Ainsi, la mort de Ousmane Tanor Dieng semble ouvrir la voie à la réconciliation des frères et sœurs socialistes divisés par un problème de positionnement politique plus précisément l’arrimage du Ps à la locomotive apériste. Mais l’ancrage du Ps dans la mouvance présidentielle est plus que jamais actuel comme l’a signifié Serigne Mbaye lors des funérailles du défunt secrétaire général de ce parti.
Bamba Fall semble avoir une posture plus souple pour rester dans le Ps sans poser de condition. La condition primaire afférente au leadership de Khalifa Sall n’est qu’un coup de bluff puisqu’il est de notoriété publique que les rapports du maire de la Médina avec Khalifa Sæall ont pris un sacré coup du fait de ses prises de position lors de la campagne présidentielle et même de ses agissements nébuleux pendant le procès du maire de Dakar. 

En sus Bamba Fall, dont le fauteuil du maire vacille du fait de son inconstance dans son soutien à Khalifa Sall, compte sur l’appareil socialiste pour continuer trôner à la tête de la municipalité de la Médina. Si l’édile de ladite commune semble plus disposé à rejoindre le giron socialiste sans condition, tel ne semble pas être le cas de Barthélémy Dias qui continue d’affirmer que le Ps n’est pas un mouvement de soutien pour un quelconque autre parti. C’est pourquoi, ses futures rencontres avec Aminata Mbengue Ndiaye et certains responsables et sages du Parti risquent de se heurter au mur de résistance de la nomenklatura socialiste (genre Wilane, Serigne Mbaye voire Aminata Mbengue Ndiaye, les députés socialistes et autres disséminés dans les institutions et autres directions et conseils d’administration) qui goûte et qui veut continuer de goûter aux voluptés du pouvoir de Macky Sall. 

Même si le leader socialiste, qui avait accepté de s’accoquiner avec l’APR en 2012 dans le cadre de Bennoo ak Tanor n’est plus, ses camarades de parti «casés» dans les rouages de l’état, tout en ne crachant pas sur une réunification des socialistes, ne renonceront pas pour autant à leurs passe-droits. Compte tenu de la réalité politique, le décès de Tanor risque, au contraire de ce que beaucoup de socialistes et autres analystes politiques pensent, de faire imploser ce qui reste du Ps. déjà le crêpage de chignons fait rage à propos de celui ou celle qui doit assurer l’intérim du secrétariat général de la formation senghorienne.

Qu’en sera-t-il si l’on doit procéder au remplacement définitif de Tanor ? 

Cette situation risque de retarder la sortie très probable de prison de Khalifa Sall. Les actuels dirigeants du Ps qui certainement auront un avis de poids sur une grâce ou amnistie de l’ex-maire de Dakar ne donneront jamais un blanc-seing à Macky Sall tant que la succession de Tanor n’est pas effective et tant que les locales ne seront pas organisées. Un Khalifa qui sort de la prison avant le remplacement de Tanor peut créer des remous dévastateurs au sein du Ps. 

Qu’on le dise ou pas, les actuels membres du bureau politique ne pencheraient pas pour un élargissement de Khalifa avant les locales et l’élection du nouveau secrétaire général du Ps. Un Khalifa qui recouvre la liberté – même sans ses droits civiques – peut réorganiser Taxawu Dakar et en découdre avec Bennoo. Macky Sall et ses partisans de la mouvance savent qu’un Khalifa libre pourrait compromettre leur ambition de conquérir la mairie de la capitale. C’est pourquoi, Barthélémy Dias risque d’être désillusionné dans sa volonté de rabibocher le Ps en lambeaux au vu et au su des enjeux et des ambitions des uns et des autres. 

Tanor mort, le Ps n’est pas prêt pour aller seul aux locales comme le veulent Bamba Fall et Barthélémy Dias sans la locomotive de Bennoo. Tanor mort, le bureau politique du Ps n’est pas prêt pour accueillir Khalifa Sall dans les rangs socialistes. Ce qui va aux antipodes de la volonté de Dias-fils qui croit fermement que le Ps ne peut pas assouvir ses ambitions de grand parti sans le leadership de Khalifa Sall. C’est la quadrature du cercle. 

SERIGNE SALIOU GUÈYE

 

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