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"Président raté", "ego démesuré": une tribune du New York Times assassine Macron

INTERNATIONAL
Vendredi 8 Septembre 2017

Dans une tribune, le prestigieux quotidien américain attribue la chute de popularité du président français au "macronisme": cette manie du chef de l'Etat de concentrer sa politique autour de sa personne. Le New York Times met également en doute la pertinence de sa politique économique.


Le 9 mai, au lendemain de la victoire d'Emmanuel Macron à la présidentielle, la presse internationale poussait un soupir de soulagement. Marine Le Pen avait été battue, et pour beaucoup, l'élection d'Emmanuel Macron était de bonne augure. Aux Etats-Unis, le New York Times y voyait notamment "un nouvel espoir pour l'Europe". Quatre mois plus tard, presque jour pour jour, le ton a bien changé.

De ce côté de l'Atlantique, la popularité du chef de l'Etat s'effrite, forçant nos voisins à s'interroger sur les raisons de ce désamour. C'est ce que fait le New York Times. Dans une tribune édito publiée ce jeudi, Chris Bickerton, qui enseigne la politique européenne à l'université de Cambridge, assassine le président français et sa politique. 

"Son projet politique est trop centré sur sa personnalité"

"Emmanuel Macron will be yet another failed french president", titre le quotidien américain, estimant qu'après tout, Emmanuel Macron sera lui aussi un "président français qui a échoué". Le Times rappelle tout d'abord qu'il bénéficie toujours d'une certaine aura à l'étranger, notamment parce qu'il a redonné un coup de jeune à la diplomatie française " en tenant tete à Donald Trump et à Vladimir Poutine". "En France, c'est une toute autre histoire", relève le quotidien, citant les mauvais chiffres du Président dans les derniers sondages. Et il attribue sa chute de popularité au "macronisme".

"Son projet politique entier est bien trop concentré sur sa personnalité. Son attrait vient essentiellement de sa jeunesse, de son dynamisme, de son allure et de ses qualités oratoires", estime le New York Times. "Cette approche hyper-personnalisée comporte toujours le risque qu'une fois le charme rompu, il ne reste rien à ses soutiens pour l'apprécier, ce qui est exactement en train de se passer", poursuit le journal, qui évoque notamment l'épisode du Congrès de Versailles et son impact sur les Français, "irrités par ses accents monarchiques".

"Son attitude arrogante à l'égard du pouvoir a détruit l'image anti-establishment qu'Emmanuel Macron a cultivé durant sa campagne", estime aussi l'auteur.

Ego démesuré et vide politique

Avant la présidentielle, Emmanuel Macron et son projet avaient parfois été qualifiés de "bulle". Le quotidien américain ne fait pas un constat moins sévère quatre mois après l'élection et estime que le "vide de son projet politique" est en train de se découvrir. Chris Bickerton se montre en particulier sceptique sur la réforme du code du travail menée par l'exécutif et, de manière plus générale, par la politique économique du Président.

"Toute baisse continue du chômage en France serait la bienvenue, mais l'expérience d'autres pays suggère que cela impliquerait de nouvelles formes d'inégalité. En Allemagne, la réforme du marché du travail a mené à la prolifération de "mini-jobs", un travail à temps partiel peu régulé et qui a pris la place du travail à temps plein dans certains secteurs", analyse le quotidien, qui cite aussi l'exemple britannique. 

Pour Chris Bickerton, "la politique économique d'Emmanuel Macron favorise les employeurs par rapport aux salariés et ébrèche ce qui reste de l'Etat-providence français". Reprochant au président français son "ego démesuré", il lui reconnaît cependant le mérite d'avoir profondément et pour longtemps renversé un paysage politique moribond. Mais sa conclusion est tout aussi sévère que son analyse:

"Emmanuel Macron est toujours l'enfant chéri de l'élite libérale mondiale, mais son impopularité grandissante nous donne une meilleure image de ce qu'il a à offrir."


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