La disparition de Sidy Lamine Niass (paix à son âme) est venue nous rappeler, nous pauvres créatures périssables, notre fragilité mais surtout ce qui doit être considéré comme l’essentiel de notre séjour terrestre : embrasser l’éternité par la portée de nos actions louables. Le passage sur terre du président-directeur général du groupe de presse Walfadjri a été utile. Il est digne des meilleurs éloges parce qu’il s’est battu pour la communauté, pour la justice, pour la démocratie. Le meilleur hommage que pourrait lui rendre le président de la République, Macky Sall, au-delà de la parole convenue et artificieuse, est de rétablir dans leur droit les prisonniers politiques dont les plus illustres sont Karim Meissa Wade et Khalifa Ababacar Sall et de donner la possibilité à tous les Sénégalais de choisir l’homme avec qui ils voudraient associer leur destinée en février 2019.
Il ne s’agit pas que de ces deux leaders politiques en réalité. Il est question de nous, de notre capacité, en tant que citoyens sénégalais, à lutter contre l’arbitraire, à faire face à la boulimie de puissance de celui qui n’arrive toujours pas à s’emmitoufler dans le manteau de dignité que lui confèrent ses charges. La vitalité de notre démocratie en dépend dans une très large mesure. Il convient, dans cette conjoncture malsaine et périlleuse, de se défaire des petites appartenances pour l’expression des volontés contradictoires qui font éclore celle-là générale. Une élection présidentielle sans les deux opposants les plus en vue du fait de la seule volonté de puissance de sa majesté n’est pas digne de notre roman national. Ce sont-là les échos de la rue plus fiables que les pseudo-sondages fabriqués par de vénaux copains des nouveaux jouisseurs. C’est le chant du cygne, le signe des fins de règne. En attendant, ils peuvent se la couler douce à Arena Tour ou se laisser consoler par les souvenirs délirants (quelquefois déchirants) de l’amoureux de Sandrine !
Ce n’est pas seulement le maire de Dakar et le fils du prédécesseur de Macky Sall qu’on a injustement privés de liberté. Cela est certes suffisant pour frémir d’indignation mais on en est surtout saisi parce que l’oligarchie, étourdie par les senteurs capiteuses des prairies marron, a frustré, de manière injuste et perfide, des milliers de Sénégalais dans leur désir légitime d’épouser une vision et de choisir quelqu’un pour présider à leur destinée. Et Khalifa Sall porte un projet.
Le Sénégal, îlot de démocratie dans un océan de tumulte africain, frise la République bananière. L’absence de Khalifa Sall au rendez-vous électoral de 2019 serait une faillite collective parce que son destin importe peu par rapport à l’idéal démocratique pour lequel plusieurs générations de femmes et d’hommes se sont battues bien avant l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Voyez-vous, il s’agit plus de nous que de lui. Car, le rejet de sa candidature (c’est ce que trament Macky Sall et ses ouailles de la « justice ») voudrait dire que n’importe quel roitelet peut, demain, triompher de la volonté collective à force de brimades et de violation des règles édictées. Et c’en est fini de notre récit d’éloges. Arrêtons cette farce pendant qu’il est encore temps. Nous ne sommes jamais à l’abri de l’épouvante et des bourrasques. Nous ne valons pas mieux que ceux qui les essuient.
Macky Sall, enivré par les délices du pouvoir et les éloges de sa cour, est allé trop loin. Il a brisé des ressorts et éveillé la défiance à l’égard de la justice ; celle-là même qui s’échine honteusement à lui prouver son assujettissement. Autrement, on aurait du mal à comprendre tout cet empressement à « liquider » un homme politique dont le seul tort est de se préoccuper du sort de ses concitoyens. En effet, il est fait cas, depuis quelques temps, de la tenue, en ce mois de décembre, du procès en cassation du leader de Taxawu Sénégal sur la caisse d’avance. Ce serait alors un autre pied de nez fait à la justice, un énième coup terrible administré aux âmes justes. Le président de la République a cessé de l’être depuis qu’il a commencé à aiguiller et à aiguillonner les magistrats depuis le palais. Toute cette parodie de justice, bien que rebutante, ne doit pas nous pousser à la démission, à invoquer la fatalité comme certaines institutions pourvoyeuses de sens qui ont cessé de jouer leur rôle pour jouir des prébendes. Le peuple réel est plus fort que toutes les conspirations ourdies depuis le sommet avec la complicité de certains pseudo-intercesseurs. Khalifa Ababacar Sall sera candidat quand nous l’aurons voulu. Ni sa majesté ni ses godillots de toutes les sphères n’y pourront rien. Nada !
Seneplus