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Pape Mael Thiam : «Macky n’avait pas en tête un troisième mandat»

POLITIQUE
Samedi 14 Octobre 2017

Coordonnateur de l’Apr, Pape Mael Thiam semble jouer la prudence à propos du débat sur un éventuel troisième mandat d’affilée de Macky Sall. Dans cet entretien avec Seneweb, il aborde la question, entre autres, du bout des lèvres.


Pape Mael Thiam : «Macky n’avait pas en tête un troisième mandat»

S’il est réélu en 2019, Macky Sall a-t-il le droit de se représenter en 2024 ?

Ce qu’il faut savoir c’est que le président de la République n’est pas un homme politique à 100%. C’est plutôt un homme d’Etat. Ça veut dire qu’aujourd’hui, ce qui nous préoccupe c’est plutôt de faire en sorte que le pays puisse avancer. J’ai entendu certains commentaires de juristes en la matière, mais j’avoue sincèrement que dans ma logique, le président de la République, quand il présentait les éléments de la Constitution proposée aux Sénégalais à l’occasion du référendum, n’avait pas en tête de briguer un troisième mandat.

Toutefois, les aspects juridiques restent les aspects juridiques et comme je ne suis pas forcément expert en la matière, il serait aventurier que je me prononce. Ce qui reste constant, c’est que tant qu’il est à la tête de la magistrature suprême, sa première préoccupation reste la manière dont il va apporter des solutions aux innombrables difficultés auxquelles les Sénégalais sont confrontés.

Certains de vos alliés reprochent au Président Sall de faire la part belle aux membres de l’Apr. Ont-ils raison de se plaindre ainsi ?

Depuis l’indépendance du Sénégal, aucun régime au pouvoir n’a fait preuve d’esprit de partage et de concertation autant que le Président Macky Sall l’a fait. Vous avez vu que la tentative de coalition qu’il y a eu en 2000 s’est volatilisée suite à une caporalisation de tous les avantages par le Parti démocratique sénégalais à l’époque. Je pense au départ de Moustapha Niasse de la coalition « Faal », mais aussi des autres qui étaient avec le président Abdoulaye Wade et qui l’ont aidé à accéder au pouvoir. Je suis encore en train de magnifier cet acte patriotique de ces alliés qui nous ont appuyés, mais nous n’avons aucun complexe à faire le bilan de la concertation et du partage des responsabilités par rapport aux alliés.

Les militants de la «première heure» de l’Apr se plaignent souvent de leur mise à l’écart au profit des alliés ou des transhumants. Comprenez-vous leurs ressenti ?

D’un côté les alliés disent qu’ils ne sont pas assez servis, de l’autre côté ceux qu’on appelle les «militants de la première heure» se plaignent également. C’est tout à fait explicable. Du point de vue des militants, il est tout à fait compréhensible qu’un être humain ayant participé à l’élaboration d’un programme puisse avoir le désir d’imprimer sa marque dans l’opérationnalisation du programme en question. Beaucoup de responsables sont venus soutenir le président Macky Sall avec derrière eux une masse de Sénégalais qui les ont suivis dans leur option de soutien. Il est donc humainement compréhensible que, dans la perspective d’asseoir leur crédibilité par rapport à ces gens-là qui sont derrière eux, qu’ils veuillent avoir des postes de responsabilités. Chose que le président de la République n’a pas du tout ignoré. Mais il est extrêmement difficile, dans un contexte où il doit appuyer ses responsables et ses militants tout en prenant en compte ses alliés, mais tout cela est chapeauté par un élément important qui est la destinée du Sénégal. Prendre en charge la responsabilité du pays lui permet-il de faire tout ce qu’il veut ? Non.

N’avez-vous pas peur d’une implosion de votre parti avant la présidentielle de 2019 ?

Non, pas du tout. L’Alliance pour la République est en train de s’agrandir tous les jours. Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’on n’est pas un parti de tintamarre. Nous sommes un parti de travail stratégique, d’élargissement des bases sociologiques du parti et vous savez très bien que le coefficient de sympathie du Président dépasse largement celui-là de l’Alliance pour la République. Les élections présidentielles vers lesquelles nous nous dirigeons représentent le rendez-vous d’un homme avec le peuple, ce n’est plus le rendez-vous d’un parti avec le peuple ou encore d’un responsable local avec sa localité. Il s’agit d’une personnalité politique, d’un homme d’Etat qui a fini de démontrer aux Sénégalais que c’est un vrai patriote et qu’il a quand même l’expertise et la capacité de développer l’économie du pays. Et, les résultats sont là pour le prouver.

La typologie des militants et responsables de l’Apr laisse dire que le président Macky Sall a eu la chance d’écrémer son « membership » du point de vue des valeurs, parce que nous étions dans une période où le Sénégal traversait une crise. Nous étions dans une période où le Pds était prêt sur le plan financier à déployer tous les efforts auprès de qui serait d’accord pour soutenir Abdoulaye Wade. Malgré cela, ces militants de l’Apr ont montré le dos aux intérêts crypto personnels pour soutenir le président Macky Sall. Et, ce sont des militants de valeur. Ce ne sont pas des militants alimentaires parce qu’à l’époque, s’il s’agissait tout simplement de raisons financières, je ne vois pas pourquoi ces gens tourneraient le dos au Pds pour venir auprès de Macky Sall. Je suis sûr que ce sont ces mêmes valeurs qui les animent même si des frustrations peuvent advenir. En échangeant avec nos militants, on sait qu’il reste encore engager pour réélire le président de la République en 2019.

A l’Apr, comment comptez-vous contrer le Pacte populaire de l’opposition d’Habib Sy ?

Il s’agit là d’un énième pacte. On a vu n’importe quelle coalition. Ça va être la énième initiative de l’opposition et chaque initiative a été balayée par le peuple sénégalais. Je veux parler des élections locales, du référendum et des législatives. Il faudrait savoir que certains gens pensent, parce qu’ils ont accès aux médias, qu’ils ont la parole des Sénégalais. Mais, le Sénégal, ce n’est pas seulement ceux qui appartiennent aux médias. En effet, le Sénégal c’est également ceux-là qui ont été oubliés depuis les indépendances, les populations de l’intérieur qui ne faisait pas partie du pays car n’ayant pas accès à l’eau, à l’électricité et même certains services de l’Etat.

Une pétition contre le président du Hcct, Ousmane Tanor Dieng, est annoncée dans la presse. Quelles est donc votre position en tant que 1er vice-président de l’Institution ? 

Ousmane Tanor Dieng a été choisi par le président de la République à la tête d’une Institution. C’est un homme d’Etat qui a bien compris la vision du président Macky Sall et qui travaille à matérialiser cette dernière. J’ai lu l’article auquel vous faites allusion et j’étais très étonné car je pense que s’il y a des problèmes entre les hauts conseillers, cela devrait se régler en interne et non pas sur la place publique. Un conseiller des collectivités territoriales est censé être conscient du niveau de responsabilité qui est la sienne et doit développer une capacité de retenue. Ce qui est reproché au président Ousmane Tanor Dieng n’est pas de son ressort. Le problème des passeports diplomatiques n’est pas du tout de son ressort, le problème des véhicules non plus. Je pense que nous avons intérêt à être solidaire parce que si on ternit l’image du président Ousmane Tanor Dieng, c’est également ternir l’image de l’Institution. Je demande donc à ces camarades de revenir à la raison. S’il y a des problèmes, que cela puisse se régler dans le cadre du Haut conseil et je suis sûr que nous trouverons des réponses à leurs problèmes.

Source Seneweb


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