Cette ritournelle du «premier tour» entonnée par tous les partis qui nous rappelle les heures sombres des «partis uniques» en Afrique, sonne comme une insulte à nos intelligences, tout de même aiguisées par des décennies de luttes et de combats politiques menés par une toute autre classe politique que celle qui plastronne sur nos écrans pour défendre l’indéfendable. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui si le pouvoir changeait de camp en 2019, viendraient toute honte bue réciter l’exacte antithèse… Mais je digresse…
Les scènes qui ont marqué cette journée du 19 Avril, n’ont certes pas la puissance de la vague populaire du 23 juin 2011, elles n’en indiquent pas moins qu’on ne peut faire ce qu’on veut, du fait qu’on a la force de son côté. Voter cette loi sans débats parlementaires conforte juste le mépris dans lequel cet exécutif tient la représentation nationale, en faisant une chambre d’enregistrement.
Faire usage de la force, arrêter les leaders de l’opposition, saboter des séminaires a priori inoffensifs en les privant d’hébergement, démontre que la raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure, et que souvent l’entêtement prend les allures d’intelligence du…sot. Que cette loi dite du «Parrainage», ait valu qu’on ait mis le pays au bord d’un gouffre périlleux pour notre destin commun, alors qu’elle n’est porteuse d’aucun progrès, mais plutôt d’une malice bien tapie dans des mots guerriers, alors il convient de s’interroger sur ce qui est caché derrière l’évidence qui nous est imposé de regarder.
Le «Parrainage» est le fait des hommes politiques, et s’ils plongent tous tête baissée dans ce leurre, c’est qu’ils ont perdu de vue que l’essentiel du processus démocratique repose sur les citoyens, les électeurs. Le piège tendu est béant. L’essentiel des velléités truqueuses du pouvoir ne réside pas dans cet artifice constitutionnel, il repose sur un fichier électoral qui est vide de plusieurs millions de citoyens et que tous pensent que le problème a été résolu.
2019 se joue dans les cartes nationales d’identités et d’électeurs à renouveler. La bagarre politique se jouera là. En attendant, tous les coups seront permis pour nous faire regarder le doigt quand il nous montre la lune. Mais dans un pays mature, dont le développement nécessite une quiétude sociale, il arrive à certains oublieux d’une histoire récente, de croire que « leurs désirs sont désordres »…
Jean Pierre Corréa