Monsieur le Président, le préavis de grève est essentiellement prévu pour servir de dialogue et de partage pour se retrouver autour de l’essentiel. Malheureusement, aucune considération n’a été accordée à ce préavis précédé de deux années d’accalmie et de patience pour anticiper sur de pareilles crises. En lieu et place, on nous a servi un mutisme effarant voire méprisant. Vous avez fait appel au sens de la responsabilité pour venir à bout de cette crise. Sans langue de bois, nous tenons à vous rappeler en toute humilité et avec tout le respect qui sied à votre rang que la première des responsabilités est celle qui donne une valeur morale, administrative et juridique au sceau du Sénégal.
Ce sceau qui nous est si cher a été apposé sur un protocole d'accord jugé légal, légitime réaliste et réalisable.
Monsieur le Président, à l’impossible nul n’est tenu. Cependant, l’aveu est la fine ligne qui sépare l’impossibilité de la mauvaise foi. Reconnaître devant le peuple et pour l’histoire que le gouvernement a failli quelque part à ses engagements serait le meilleur gage pour rétablir cette confiance sans laquelle toute idée de dialogue ne serait qu’un leurre.
Et malheureusement, votre dernière déclaration «je suis le seul à décider», met en lumière une vision très réductrice et cavalière du dialogue. Pour tout lecteur d’articles scientifiques, de rapports, ou de conclusion, la voix passive est la plus indiquée pour présenter la quintessence du propos. La forme active permet de mettre en évidence l’agent dont la voix passive fait abstraction. Le «je», renforcé par l’adjectif «seul» dévoile un ego incontrôlé et un «moi» hypertrophique. Or l’ego ne dialogue pas. Il soliloque ou ordonne. Je ne suis pas anglophone mais «It takes two to tango» (le tango se danse à deux).
Monsieur le Président, accordons nos violons car il n'est, pour nous, nullement question de sauver une année scolaire mais de parfaire le système éducatif sénégalais.
J'espère bien que vous êtes plus ambitieux et plus lucide que le ministre Serigne Mbaye Thiam dont le seul souci est de sauver des années scolaires et non le système malade depuis des décennies.
Monsieur le Président, mon plus grand souhait d'enseignant est de me suffire à votre parole qui doit revêtir une certaine sacralité. La confiance se bâtit sur une vie mais un petit instant suffit à l'ébranler. Aucun sermon ne peut la rétablir. La reconnaissance du manquement, cependant, même si elle ne guérit pas, soulage.
Respectueusement, Excellence !
Ousmane Sy, Enseignant à Mboumba