Le Ps a un candidat pour la présidentielle de 2019. Et, pour la première fois depuis la création de ce parti, il n'est pas socialiste. Ne porte pas du vert et ne jure pas que par Léopold Senghor. Il s'agit de Macky Sall, l'actuel chef de l'État, président des Beige-Marron de l'APR, disciple d'Abdoulaye Wade.
Le politologue et sociologue Ibou Sané comprend ce choix, il l'approuve même. «Pour une fois, je suis du même avis que les socialistes, confie-t-il à Seneweb. Parce que c'est un parti qui est resté plus de 40 ans au pouvoir. Et aujourd'hui, si vous faites un sondage, sa cote sera très basse. Avec le Pds, ils ont du mal à revenir au pouvoir; il leur faut du temps pour se refaire une jeunesse et rebondir.»
Si le Ps avait choisi un candidat en son sein, il échouerait comme en 2007 et en 2012 avec chaque fois comme porte-étendard Ousmane Tanor Dieng, l'actuel secrétaire général du parti. Et pour cause. «Les Sénégalais n'ont, pour le moment, pas oublié les 40 ans des socialistes au pouvoir, leur bilan n'ayant pas été très reluisant», signale Ibou Sané, qui s'empresse d'indiquer que ce choix va toutefois cliver les Verts. Et le maire de Dakar devrait en tirer profit.
«Le Ps sera divisé, tranche le politologue. Les jeunes vont aller vers Khalifa Sall. Les plus anciens iront vers Macky Sall parce qu'il y en a qui ont des postes, et qui vivent comme au temps où le Ps était au pouvoir. Et eux ils ne lâcheront jamais. C'est à partir de 2024 que les choses seront déterminantes pour le Ps.»
Le professeur Moussa Diaw aussi trouve "logique" la décision de Tanor et Cie de soutenir la candidature de Macky Sall. L'enseignant chercheur en Sciences politiques à l'Université Gaston Berger (Ugb) soutient cependant que celle-ci est «un renoncement à une ambition politique qui traduit le Parti socialiste en un parti d'appoint, qui n'a plus l'ambition de reconquérir le pouvoir.»
«C'est dommage pour la démocratie, qui en perd beaucoup, regrette Moussa Diaw. La logique voudrait qu'un parti qui perd le pouvoir essaie de se poser des questions, de trouver les moyens de rebondir pour reconquérir le pouvoir. Mais là ce n'est pas le cas. Là on entend que c'est un ‘soutien sans faille pour Macky Sal', cela veut dire que l'avenir c'est fini pour le Ps qui est lié à Ousmane Tanor Dieng. Parce que c'est aussi un manque de vision, un frein pour ceux qui ambitionnent, surtout les jeunes du Ps, qui veulent reconquérir le pouvoir.»
Avec Seneweb