Et pourtant Son excellence, vous avez refusé ou devrions nous dire volontairement omis de diminuer le mandat du président de la République. Non sans en avoir fait la promesse pendant votre campagne pour accéder à la magistrature suprême.
Oui, nous sommes d’accord qu’il existe une pléthore de partis politiques au Sénégal. Oui, il faut assainir l’espace politique et éviter les candidatures fantoches et fantaisistes. Mais Monsieur le Président depuis que le peuple sénégalais vous a porté à la magistrature suprême, vous n’avez cessé de violer la constitution. Son article 42 nous dit que vous en êtes le gardien, que vous devez donc veiller à son respect. Mais malheureusement, le premier hors la loi de la République sénégalaise est son Président. Si c’est celui qui doit protéger la constitution, qui en viole les articles à quoi devrions nous nous attendre? Car oui chez nous c'est le gardien de la Constitution qui en viole les articles avec une désinvolture sans précédent.
Ne devrions nous pas lui retirer ce pouvoir pour sauvegarder nos institutions et la stabilité de notre pays? Devrions nous avoir confiance en un chef d'état qui fait tout contre l'avis de son peuple? Votre seul argument pour ce projet de loi: «Nous assurons la carte de la transparence, au niveau de la procédure de vérification, et de validation des signatures des parrainages…». Et tout ça à 10 mois des élections et par votre seule volonté, les parties prenantes n'ont par leur mot à dire et doivent tout bonnement acquiescer.
Cependant, comment faire confiance à un Président qui nous avait promis 20 ministres et qui en compte 84 aujourd'hui ?
Dans votre logique d’éliminer vos adversaires, avec l’aide de «votre tailleur constitutionnel» qui vous sert de ministre de la Justice, vous avez élaboré une loi qui rejette les fondements de la démocratie. Pour la justifier, vous avancez aussi le coût des élections. Est-ce pour faire des économies, Monsieur le président, que vous avez remis, lors de votre visite à Paris, 20.000 euros à la coalition Benno en guise de frais de transport, quand on sait qu'à Paris le ticket de métro coûte moins de 2 euros. Décidément, vous ne vous souciez de l’argent du contribuable que quand cela vous arrange !
Vous avez encouragé la longue liste de candidatures lors des législatives à votre profit et aujourd'hui vous souhaitez les réduire car vous craignez le scénario de 2012 contre le Président Wade. Mais rien de surprenant, votre candidature en 2012 était tellement fantaisiste que vous avez eu du mal à croire que vous êtes devenu Président. Vous êtes conscient que le vol organisé des élections législatives a ouvert les yeux aux Sénégalais.
Vous savez que c'est perdu d'avance dans les urnes et vous adoptez la loi de la jungle. Sauf que vous semblez ignorer que ce projet de loi que vos marionnettes ont voté le 19 avril est un piège abscons. Vous étiez censé rassurer les Sénégalais mais vous n'avez rien trouvé de mieux à faire que de prendre vos jambes à votre cou et de quitter le pays. Manque d'équanimité ne saurait être plus grand pour un chef d’état que le fait de réprimer toute manifestation ou marche pacifique. «Les libertés civiles et politiques : liberté d'opinion, liberté d'expression, liberté de la presse, liberté d'association, liberté de réunion, liberté de déplacement, liberté de manifestation» sont pourtant garanties par l'article 8 de la Constitution sénégalaise. Un autre article, en l’occurrence l’article 9, parachève le précédent en indiquant clairement que «toute atteinte aux libertés et toute entrave volontaire à l’exercice d’une liberté sont punies par la loi».
Nonobstant, l’État sénégalais, dans sa logique dictatoriale ne respecte plus les droits élémentaires de ses citoyens. La répression devient systématique et s'est traduite le 19 avril 2018; plus de 100 personnes ont été arrêtées dont des leaders de l'opposition, plusieurs dizaines de blessés ont été identifiés, les gaz lacrymogène atteignant même l’hôpital Abass Ndao. Une semaine avant, une manifestation pacifique d’enseignants à Ziguinchor sauvagement réprimée annonçait les prémices des dérives autoritaires de Macky Sall.
Monsieur le président, la constitution est sacrée, elle ne doit pas servir d'arme de destruction contre l’opposition. Vous avez instrumentalisé la justice pour emprisonner Karim Wade avant de l’exiler au Qatar, puis Khalifa Ababacar Sall condamné à 5 ans de prison car représentant celui qui vous battra à plate couture en février 2019.
Quand la justice sénégalaise se permet de condamner Barthelemy Dias pour «outrage à magistrat et appel à l’insurrection non armée», quid de Moustapha Cissé Lo et de Moustapha Diop. Le premier n'avait-il pas affirmé qu' «il n’y a pas de justice au Sénégal. C’est regrettable, mais le fait existe bel et bien. Les magistrats ne jugent pas équitablement et dans leur intime conviction. Ils font n’importe quoi, ils ne jugent pas la vérité. Toutes les décisions de justice rendues ne sont pas faites dans la vérité». Le ministre de l'Industrie, de la petite et moyenne industrie n'a t-il pas tenu des propos injurieux à l’endroit des magistrats siégeant à la Chambre des entreprises publiques de la Cour des comptes, les qualifiant de «petits magistrats de rien du tout»?
Le même Moustapha Cissé Lo, affirmait le 23 décembre 2013 que «Macky Sall a la possibilité d’emprisonner qui il veut. Il suffit juste que l’envie l’en démange, qu’il saisisse le procureur de la République qui t’arrête».
Barthelemy Dias est en prison parce que c'est un opposant, Moustapha Cissé lo et Moustapha Diop sont en liberté parce que c'est Macky Sall qui choisit qui la justice doit poursuivre. Il en a décidé ainsi pour Khalifa Sall quand Cheikh Oumar Hann coule des jours heureux et nargue les Sénégalais avec des kilos de poivre et tonnes de légumes imaginaires.
Macky Sall, il ne s'agit pas juste de scander «fagni fagne fagne fagne wathiathia» agissez en conséquences car «bakou té bagna beuré si ragal la bok».
Aïda, Fatou et Nogaye